Cinéma, arts visuels, bouffe, rap et chanson: la 21e présentation de Présence autochtone brillera par son éclectisme. Parmi les artistes réputés, on retiendra évidemment Samian et Elisapie Isaac, qui se produiront respectivement les 4 et 5 août sur la scène extérieure de la place des Festivals.

Mais si vous cherchez autre chose, pourquoi pas l'exposition Guides de voyages, qui présente des photomontages de Chris Bose et Martin Loft à la Guilde des métiers d'arts (460, rue Sherbrooke Ouest)?

Malgré son titre, Guides de voyages n'a rien de touristique. Avec une imagerie parfois provocante, ces deux artistes s'interrogent plutôt sur la présence amérindienne dans un monde dominé par les Blancs.

L'oeuvre Remembering 1990, de Martin Loft, parle d'elle-même. On y voit un masque inca surplombant une photo de l'armée canadienne en formation de combat. La référence à la crise d'Oka est assumée. Mais le mohawk de Kahnawake ne se voit pas du tout comme un «warrior» du photomontage. «Je ne suis pas aussi en colère que d'autres artistes que je connais, dit-il. Je veux seulement marquer un point dans le temps.»

Photographe de formation et grand amateur de pop art, Loft se voit avant tout comme un ambassadeur de la culture iroquoise. Son travail est un reflet de l'identité mohawk à l'aube du XXIe siècle, une façon actuelle d'exprimer la pensée et la psyché de son peuple.

Peut-on venir de Kahnawake et agir autrement? «Certains peut-être, mais pas moi. En ce qui me concerne, c'est inévitable. Les peintures de couchers de soleil, je laisse ça aux autres.»

«K-Town» sous la loupe

Parlant de Kahnawake, on attendait beaucoup de L'autre Kahnawake, qui sera présentée mardi prochain, 19h, à la Grande Bibliothèque, et le lendemain au Centre Simon-Bolivar, pour le volet cinéma du festival.

Axé sur l'espace virtuel, ce documentaire français promettait un regard différent sur la réserve mohawk. Mais le résultat est décevant. Oui, l'internet permet à la «rez» de tirer son épingle du jeu sur l'échiquier mondial - notamment par le jeu en ligne. Mais encore? Les enjeux sont mal expliqués, le scénario bancal et, pire encore, on a trouvé le moyen de faire passer la réserve pour un village fantôme.

Si vous voulez vraiment «sentir» Kahnawake, allez plutôt y faire un tour. «K-Town» tient son propre festival de cinéma les 3, 4 et 5 août au Legion Hall. Pour ce qui est de Présence autochtone, beaucoup d'autres films sont au menu, qu'ils soient d'Amérique du Sud, de l'Ouest canadien ou même du Grand Nord. On vous suggère Inuit Knowledge and Climate Change de Zacharias Kunuk (Atanarjuat, l'homme rapide) et la rétrospective Jeff Barnaby, un cinéaste mi'gmaq qui verse dans le gore.

Sans oublier les courts métrages du programme Wapikoni-mobile. Qui, soit dit en passant, vient de se faire amputer d'un demi-million de dollars par le gouvernement Harper.

La meilleure façon de protester, c'est encore d'y assister.

Présence autochtone, du 2 au 9 août. Information : www.nativelynx.qc.ca