Montréal accueillera demain, vendredi et samedi la toute première présentation de Super Synth Montréal, faisant la preuve par trois soirs que, non, il n'y a pas encore trop de festivals dans la métropole. Car les fondateurs de cette fête musicale «réunissant des groupes dont l'instrumentarium est majoritairement composé de synthétiseurs» sont déjà convaincus qu'il y a en ville encore plus de «trippeux» de claviers électroniques qu'il y a de créateurs - dont Tony Ezzy, Nathalie Derome, le Montreal Nintendo Orkestar - fous de synthés.

«Je n'arrête pas de recevoir des propositions d'artistes intéressés à participer au prochain Super Synth Montréal», s'emballe déjà l'auteur et musicien Pascal-Angelo Fioramore. Avec son comparse Pascal Desjardins, ils concrétisent enfin leur vieux rêve: un festival où le clavier, analogue ou numérique, serait célébré. «Mais des synthés, des claviers. On ne veut pas de spectacles de portables», insiste Fioramore.

«On voulait extraire et exposer toutes les grandes sonorités de ces instruments; tous les groupes et artistes qui participent au festival ont un synthé au coeur de leur travail, ajoute-t-il. Lorsqu'on a eu l'idée du festival, il y a quelques années, c'était l'hégémonie du rock au Québec. Ça nous prenait un festival dans lequel on pourrait enfin rayonner à notre juste valeur!»

Car Desjardins et Fioramore, qui forment le duo absurdo-électro-pop Les Abdigradationnistes, doivent beaucoup à leur bon vieux Yamaha PSS 680. «Tous nos succès sont dans ce clavier-là! Il a brisé une fois, on a dû faire venir des pièces du Japon...»

Le groupe, qui a lancé trois albums, s'était tenu tranquille depuis la tournée de Puissance et gloire, dernier EP lancé en 2004. «On travaille sur du nouveau matériel», assure Fioramore, qui reprend du collier ce samedi, lors de la soirée de clôture du SSM, à la Sala Rossa.

Programmation

«On a tout de suite pensé à la gang du (festival) Suoni per il Popolo et de la Casa del Popolo pour travailler avec nous sur Super Synth Montréal. Ils ont embarqué sans hésiter.» Restait alors à monter la programmation: demain, la Casa accueille Montreal Nintendo Orkestar, 01ek, Citofono et Brusque Twins; le lendemain au même endroit, affiche de découvertes (et très ambiant/expérimentale, assure le cofondateur) avec Sundrips, Pecora Pecora, Element Kuunda et Super Fossil Power, «un vrai freak, ce gars-là!».

Samedi, les Abdis partageront la scène de la Sala Rossa avec Nathalie Derome, Pop Winds, Lederhosen Lucil (un retour à la scène pour cet unique personnage), domlebo (qui troque spécialement sa six cordes contre un clavier), Sally Paradise, les énigmatiques Les Momies de Palerme (qui compte en ses rangs la fille de D.Kimm) et l'ineffable électro-crooner Tony Ezzy. «Ezzy, il devait être la tête d'affiche de notre première présentation. Ce sera l'apothéose!»

Desjardins et Fioramore ont déjà des plans pour la seconde mouture du festival. Nommément, une exposition de claviers, une sorte de congrès du synthé, par et pour les amoureux de l'instrument, souvent objet de fétichisme et de collection.

«J'ai réveillé des passions avec l'annonce du festival. Un gars, emballé, m'a demandé: est-ce qu'il y aura une soirée de synthétiseurs 8 bits? Woo... On se calme. Je suis un musicien, pas un spécialiste. Alors, on verra comment les gens vont réagir à la première présentation, mais c'est sûr qu'on veut séduire les geeks», commente le musicien.

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Les détails de la programmation du Super Synth Montréal: supersynthmontreal.com. Billets entre 8 et 13 $ par soirée, et le FestiPasse SSM pour les trois soirs se détaille à 20 $.