La chanteuse Beth Ditto envahit la passerelle de Jean-Paul Gaultier. Lady Gaga et Zombie Boy, le Montréalais intégralement tatoué, s'invitent chez Thierry Mugler. Vivienne Westwood, créatrice anglaise septuagénaire, défile en microshort à Londres. Chez nous, Mado et d'autres drag-queens font tourner les têtes au défilé de Denis Gagnon...

Disons-le: la mode n'a jamais été aussi théâtrale.

Le mois dernier, à la Semaine de mode de Montréal, Mado, le DJ Plastik Patrik et trois autres hommes ont défilé, habillés en femme, aux côtés de filles mannequins et d'autres beautés atypiques découvertes dans la rue. Dans la salle, l'assemblée se pliait au petit jeu de devinettes: qui se cache derrière ces maquillages de transformistes?

«L'idée était de proposer un spectacle différent, explique le designer Denis Gagnon. La collection étant assez unisexe et sobre, l'envie de pousser d'un cran le traditionnel défilé en show plus extravagant m'est venue cet été... en fréquentant la terrasse du Cabaret de Mado.»

Peut-on alors parler de confusion des genres? Denis Gagnon répond: «Non, c'était juste pour le fun!»

Même sentiment du côté de Luc Provost, alias Mado: «C'était pour le show et ça a marché. Mado a adoré défiler. Elle en rêvait depuis toujours. Mais c'était Mado, un personnage que j'ai inventé de toutes pièces.»

Du cabaret aux passerelles, il n'y aurait donc qu'un petit pas de talon aiguille? «Absolument, c'est du spectacle. À une différence près, pour moi: les talons compensés, ça me connaît, mais pas les stilettos!»

La vedette des drag-queens montréalaises refuse de se montrer aux médias en homme. «En dehors du travail, je ne m'habille jamais en femme et pas de façon très mode, dit Luc Provost. Mado, elle, est super à l'affût des tendances, quand elle ne les devance pas, avec toujours ce petit côté quétaine.»

Comment devient-on drag-queen?

«J'ai toujours rêvé de devenir comédien, poursuit-il. J'ai même suivi les cours de théâtre de l'UQAM. Le soir, avec mon meilleur ami, nous nous déguisions, histoire d'amuser la galerie. On a vu que ça marchait et on n'a jamais arrêté.»

Mado est née il y a 30 ans. Son Cabaret, lui, affiche 10 ans d'existence. Mais derrière cette apparente facilité, il y a un travail long et acharné, des nuits entières passées sur scène, des milliers de textes écrits pour un jeu de comédien satyrique et décapant.

Et la famille, dans tout cela? «Au départ, ça n'a pas été facile à digérer pour ma mère. Imagines-tu, en plus, qu'elle est Sicilienne!»

La première fois où ils ont vu leur fils en drag-queen, c'était dans les années 1990, lors d'un festival Juste pour rire. «Ils ont alors réalisé qu'il s'agissait d'un vrai métier. Dans la vie, je n'ai aucun désir d'être une femme ou de jouer à la folle. Une fois le maquillage retiré, je redeviens Luc, un homme parmi les autres.»

Avant de se glisser dans la peau de Mado, sur scène ou dans les défilés, Luc manie l'autodérision à tour de bras, comme son personnage. Prêt à défiler de nouveau?

«Demain et sans condition...»

Vedettes pop et androgynie chez Gaultier

D'Annie Lennox à Boy George, de Grace Jones à David Bowie: le créateur Jean-Paul Gaultier a célébré lors de son dernier défilé les looks des années 80 qui «ont influencé la mode et [sa] mode», présentant pour la saison printemps-été 2013 une collection très joyeuse.

Faut-il s'en étonner? Outre les Madonna, Jane Birkin et Sade, plusieurs artistes qui l'ont inspiré présentaient un mélange d'androgynie et de looks très appuyés.

«Boy George avec son look à l'ambiguité totale et sa chanson Do You Really Want To Hurt Me? c'était aussi une revendication», a-t-il rappelé.

- d'après AFP

Photo: AP

Hommage à Annie Lennox de Jean Paul Gaultier.