Chaque année, avec ses matinées scolaires, le Salon du livre de Montréal se donne pour mission d'intéresser les jeunes à la lecture. Alors que l'événement s'ouvre aujourd'hui à la Place Bonaventure, nous avons demandé à des enseignants de français quels livres d'auteurs québécois ils présentaient à leurs élèves afin de les intéresser à notre littérature. Des suggestions surprenantes et osées.

Pour les élèves du primaire

La série Billy Stuart, d'Alain M. Bergeron

«Dans cette série, nous suivons un petit raton dans ses aventures. Ce sont des livres illustrés, et justement, les illustrations sont très belles. La forme des romans donne le goût de les lire. Chaque récit a une quête qui ne se termine pas et qui se poursuit dans le livre suivant. Les garçons accrochent vraiment!» - Une suggestion de Josée Roy, enseignante à l'école Coeur-Vaillant-Campanile, à Québec.

Y'a pas de place chez nous, d'Andrée Poulin - Illustrations d'Enzo Lord Mariano

«C'est un album jeunesse qui raconte l'histoire d'un peuple qui a dû fuir son pays à cause de la guerre. Nous suivons deux garçons qui se cherchent une nouvelle terre d'accueil et un nouveau peuple qui veut bien les accueillir. Nous accueillons à la Commission scolaire de Montréal beaucoup d'élèves immigrants. Cet album permet de faire plusieurs liens avec leur univers social et avec la question du vivre-ensemble.» - Une suggestion de Raymond Nolin, enseignant à l'école Sainte-Jeanne-d'Arc, à Montréal.

Sept comme Setteur, de Patrick Senécal

«C'est un livre d'horreur, mais vraiment humoristique. Mes élèves l'aiment parce qu'ils trouvent ça un peu dégueu. Ça parle du père Noël, du lapin de Pâques, de la Fée des dents, mais le tout avec humour. Les garçons accrochent beaucoup. Quand on termine la première lecture en classe, j'en ai toujours un qui va à la bibliothèque pour emprunter le deuxième titre de cette série.» - Une suggestion de Claudie Brisson, enseignante à l'école Clair-Soleil, à Lévis.

Pour les élèves du secondaire

Le jardin d'Amsterdam, de Linda Amyot

«Ce livre a beaucoup de qualités et l'une d'elles tient à sa longueur. C'est une petite plaquette qui n'est pas trop intimidante. Ceux qui aiment lire de plus gros livres la dévorent et ceux qui ont plus de difficultés vivent une réussite de lecture. En classe, nous lisons le livre à voix haute. L'auteur a un style télégraphique qui permet aux élèves de mieux apprécier l'importance du style. La façon dont on écrit une phrase influence vraiment l'effet qu'elle a.» - Une suggestion de Guillaume Poulin, enseignant de français au Collège du Sacré-Coeur, à Sherbrooke.

Nikolski, de Nicolas Dickner

«Ce livre est un inclassable. Nos élèves n'ont pas besoin de nous pour découvrir des best-sellers, c'est notre devoir d'aller chercher des romans qui ne sont pas choisis de prime abord et de les faire découvrir. Ce roman est à la croisée de chemins de ce qu'ils connaissent. À la fin du secondaire, on parle beaucoup de quête identitaire et d'intertexualité. Ce sont des thèmes qui sont abordés et qui sont intéressants. Ça sort de l'ordinaire et ça déstabilise les jeunes.» - Une suggestion de Marie-Andrée Bégin, enseignante de français au collège Jean de la Mennais, à La Prairie.

Paul au parc, de Michel Rabagliati

«Les élèves ont souvent une idée préconçue des bandes dessinées. Ils en ont lu, mais c'est surtout de la BD humoristique. Avec les aventures de Paul, ils sont déstabilisés, notamment par les thèmes qui sont abordés. D'ailleurs, non seulement il s'agit d'une lecture obligatoire, mais nous lisons le livre en groupe.» - Une suggestion de Jérôme Poisson, enseignant de français à l'école secondaire Guillaume-Couture, à Lévis.

Le jardin d'Amsterdam, de Linda Amyot

Pour les élèves du collégial

La marche en forêt, de Catherine Leroux

«Quand j'ai lu ce livre, je l'ai terminé en étant bouleversée, chamboulée, changée. Ça faisait longtemps que je n'avais pas été prise comme ça par une oeuvre littéraire. C'est comme une sensation qu'il se passe quelque chose dans l'écriture. On ne sent pas le travail de l'écrivain. Le livre raconte l'histoire d'une famille, mais l'histoire est sans intérêt. Il n'y a pas de but, pas de morale. C'est juste une histoire sur la vie.» - Une suggestion de Josée Larochelle, enseignante de littérature au cégep de Lévis-Lauzon.

Le jour des corneilles, de Jean-François Beauchemin

«Deux choses m'ont accroché dans ce roman. Premièrement, la langue, parfois inventée, d'un personnage sans éducation. Il va dire que son père est "muscleux", par exemple. C'est de toute beauté. Au cégep, on travaille beaucoup la beauté du langage. Ensuite, le personnage principal mène une quête pour comprendre l'amour de son père. D'où ça vient, l'amour? Pourquoi a-t-il l'impression qu'il ne l'aime pas? Puisqu'il sait que l'amour vient du coeur, il éventrera son père pour aller voir son coeur par lui-même.» - Une suggestion de Julie Roberge, enseignante de français au cégep André-Laurendeau, à Montréal.

Il pleuvait des oiseaux, de Jocelyne Saucier

«Mes étudiants trouvent drôle que les personnages principaux soient des personnes âgées autour de 80 ans, mais qui se comportent comme de jeunes adultes. De fait, ils peuvent s'identifier à eux, ce qui les surprend et les amuse. Les personnages de Saucier sont révoltés, vivent des histoires d'amour, posent un regard critique sur leur société. Ce sont des trucs qu'on associe normalement davantage à la jeunesse.» - Une suggestion de Jean-François Létourneau, enseignant de français au cégep de Sherbrooke..

La marche en forêt, de Catherine Leroux

Le choix de la présidente

Pour réaliser ce reportage, La Presse a contacté Marie-Hélène Marcoux pour qu'elle nous suggère des membres de son association, fondée en 1967, qui représente 675 membres à travers la province. Voici le livre qu'a choisi celle qui est aussi l'auteure du livre didactique La BD au secondaire, afin d'inciter les enseignants à présenter davantage de bandes dessinées à leurs élèves.

«J'ai eu un véritable coup de coeur pour la bande dessinée Le facteur de l'espace, de Guillaume Perreault, un livre qui parle aux tout-petits. On y raconte l'histoire de Bob, facteur spatial et spécial, qui fait de la livraison de courrier dans l'espace. Il aime vraiment sa petite routine, jusqu'au jour où son patron lui dit qu'il devra faire d'autres types de livraison. On sent vraiment que ça le déstabilise, car il rencontre des personnages inhabituels. Pour les enfants, ça permet d'aborder la question de la routine et des apprentissages que l'on fait en découvrant de nouvelles personnes.» - Une suggestion de Marie-Hélène Marcoux, présidente de l'Association québécoise des professeurs de français

Le facteur de l'espace, de Guillaume Perreault