Toutes les écoles en voudraient certainement une comme elle. Mère engagée, attachée aux murs de sa bibliothèque malgré le départ de ses enfants il y a plusieurs années, Lise Bergeron-Proulx travaille bénévolement à éveiller le goût de la lecture chez les élèves de l'école primaire d'Iberville, à Saint-Hubert, par l'entremise du Salon du livre.

«Les enfants ont besoin qu'on les aide à apprécier les livres, lance avec enthousiasme la bénévole qui se qualifie elle-même de passionnée de la littérature et des enfants. Si on peut faire une petite chose pour stimuler ce goût de la lecture, je crois qu'il faut le faire, car les enseignants, aussi dévoués soient-ils, sont malheureusement débordés.»

C'est en participant il y a plusieurs années à un projet de rencontres d'auteurs supervisé par le Salon du livre que Mme Proulx a eu le déclic. Depuis, même si le projet n'existe plus, la bibliothécaire a continué de tenir seule à bout de bras le programme, obtenant l'appui financier de sa direction. Ainsi, les classes de cinquième année de son école peuvent tous les ans jouir d'une entrevue qu'ils ont eux-mêmes préparée avec un auteur jeunesse sur une scène du Salon du livre.

«Lorsque vient le jour de la rencontre au Salon du livre, les enfants savent pourquoi ils y sont», souligne-t-elle. On leur demande d'en profiter pour rencontrer des artisans, pour poser des questions, pour réaliser en fait le privilège qu'ils ont de pouvoir rencontrer des auteurs sur place.»

La bibliothécaire prépare d'ailleurs le terrain longtemps d'avance en dirigeant une rencontre d'auteur dans les classes dès la troisième année du primaire. «Mon but, c'est que les élèves voient au cours de leur primaire plusieurs personnes du milieu littéraire afin de conserver leur intérêt pour la lecture. Je les prépare donc à une première rencontre, plus traditionnelle.» Cette année, c'est l'auteur Alain M. Bergeron qu'elle a choisi. «Afin de séduire les lecteurs garçons potentiels», affirme-t-elle.

Un métier qui disparaît

Dans la vaste majorité des écoles publiques, aucun poste rémunéré n'est ouvert spécialement pour la gestion des bibliothèques, qui sont souvent tenues par des parents et des grands-parents. Mais le manque de ressources se fait parfois cruellement sentir et les bibliothèques sont souvent désertées.

«Ma motivation, ce sont les enfants, affirme celle qui sera cette année rémunérée symboliquement pour la première fois. J'ai eu des parents formidables. J'ai un mari extraordinaire qui est dans l'enseignement. J'ai trois enfants dans la vingtaine qui me comblent de bonheur chaque année. Comment ne pas ressentir le besoin de remercier la vie en faisant quelque chose pour les autres?

«Je crois beaucoup au projet de rencontres d'auteurs, ajoute-t-elle. On dit souvent que les jeunes manquent de modèles. Je crois qu'ils ont besoin de rencontrer des personnes qui sont signifiantes. D'ailleurs, je dis souvent aux enfants qu'un jour, j'aimerais voir leur nom sur un des livres de la bibliothèque. Auteur, illustrateur, éditeur peut-être, pourquoi pas?»