Après quelques représentations à Belgrade et une avant-première à Londres, le 11 juin dernier, le collectif de chanteurs, danseurs et musiciens roms dirigés par Serge Denoncourt a atterri à Montréal, hier. GRUBB - Gypsy Roma Urban Balkan Beats - sera présentée en première officielle lundi dans le cadre du Festival international de jazz de Montréal. Ce n'est pas une comédie musicale comme les autres, rappelle le metteur en scène, mais «un spectacle sur le racisme».

GRUBB a même «pris par surprise» le public londonien il y a deux semaines, selon Serge Denoncourt. «Les gens s'attendaient à un joli spectacle humanitaire et non pas à un vrai spectacle qui dérange», explique-t-il. Or, GRUBB aborde de front la discrimination subie par les Roms et la haine parfois ouvertement exprimée à leur endroit. «Tu ne sors pas de là juste en te disant que c'est de la bonne musique», dit encore le metteur en scène.

Plus que l'escale londonienne, ce sont toutefois les représentations données à Belgrade, devant les parents des adolescents et la communauté rom locale, qui ont marqué le metteur en scène. La plupart, sinon la quasi-totalité, des parents n'avaient jamais assisté à une répétition. «Il y a eu beaucoup de larmes dans la salle et sur la scène, parce que c'était un petit théâtre et que les jeunes pouvaient voir leurs parents», raconte le metteur en scène, qui garde lui-même un souvenir ému de ces représentations.

L'onde de choc a été importante dans la communauté rom de Belgrade, qui a constaté que le spectacle ne se moquait pas d'eux et que RPOINT, l'ONG britannique qui dirige le projet, fait un travail sérieux. Le lien de confiance entre l'ONG et la communauté s'en trouve renforcé, selon Serge Denoncourt, qui se réjouit de constater que de nombreux jeunes, notamment issus des couches les plus pauvres de la communauté rom, ont manifesté le désir de participer aux ateliers de RPOINT. La condition demeure la même: ils doivent continuer d'aller à l'école.

Pendant leur séjour à Montréal, les jeunes Roms offriront six représentations de GRUBB, participeront à des échanges avec les jeunes d'ici inscrits au camp de blues et feront même de l'animation urbaine, sur le boulevard De Maisonneuve, les 30 juin, 2 et 3 juillet. Serge Denoncourt tient également à ce que sa bande rencontre Élisabeth Labelle et Andréa Gauvreau, deux élèves d'un collège de Saint-Lambert qui ont organisé un spectacle-bénéfice pour contribuer à la cause.

«Ce qu'on espérait le plus, c'est qu'un dialogue s'ouvre entre nos adolescents et ceux du monde entier. Ces deux jeunes filles ont ouvert la première porte», se réjouit Serge Denoncourt. Le geste des deux jeunes Québécoises a, selon lui, étonné les jeunes Roms. «Ils sont tellement détestés dans leur pays qu'ils ne comprennent pas que deux jeunes qui ne les connaissent pas aient fait une souscription pour eux, dit-il. C'est pour ça que je veux qu'ils se rencontrent.»