La dispute au sujet du changement de calendrier des FrancoFolies a continué de plus belle, hier. Le président de Spectra, Alain Simard, a demandé au maire de Québec de retirer ses propos qu'il juge «diffamatoires». D'autres organisateurs de festivals se sont aussi jetés dans la mêlée, alimentant la controverse.

Le torchon brûle entre le grand manitou des FrancoFolies, Alain Simard, et le maire de Québec, Régis Labeaume. M. Simard n'a pas digéré les attaques du maire Labeaume à la suite de l'annonce du changement de dates des FrancoFolies. Dans un communiqué diffusé hier, M. Simard demande même à son opposant de «se rétracter publiquement».

 

Lundi, M. Simard a annoncé que les FrancoFolies auraient désormais lieu en juin, car le fait de les tenir en août aurait entraîné un déficit de 500 000$ depuis 1997.

Craignant que ce changement ne fasse de l'ombre au Festival d'été de Québec, le maire Labeaume a dit ne pas croire que les FrancoFolies soient déficitaires. «Alain Simard est un individu privé qui veut se mettre un quart de million de plus dans ses poches», a déclaré M. Labeaume.

Dans un communiqué diffusé hier, les FrancoFolies accusent le maire de Québec d'avoir tenu des propos diffamatoires. Un rapport comptable montre que M. Simard et l'Équipe Spectra ne tireront aucun profit du changement de dates des FrancoFolies. «Et nous espérons que le maire Labeaume, devant la preuve de ses propos diffamatoires, saura se rétracter publiquement», est-il écrit.

Le maire Labeaume est resté silencieux, hier. M. Simard n'a pas voulu dire s'il intentera ou non une poursuite en diffamation contre lui.

Pendant ce temps, différents festivals québécois ont vertement critiqué le déménagement des FrancoFolies. Selon la présidente du conseil d'administration du Festival d'été de Québec, Marie-France Poulin, ce changement risque d'engendrer des pertes de revenus et de couverture médiatique. Cela pourrait aussi limiter la présence des artistes français sur ses scènes.

Les organisateurs de la Fête nationale sont eux aussi mécontents. «Les Francos auront lieu du 9 au 19 juin, juste avant la Fête nationale. (...) On peut se demander si la Fête nationale ne sera pas banalisée après 10 jours de festival de musique francophone», a dit le président du Comité de la Fête nationale à Montréal, Mario Beaulieu.

Tous déplorent que les FrancoFolies aient pris leur décision avec la Ville de Montréal dans le plus grand secret. «On n'a eu aucune considération pour nous. C'est un échec lamentable au niveau de la concertation des festivals», a dit le directeur général du Comité de la Fête nationale à Montréal, Luc Savard. Ce dernier ne comprend d'ailleurs pas pourquoi les manifestations du mois de juin devront «prendre des risques pour répondre aux problèmes d'argent de Spectra».

Le directeur du festival Présence autochtone, André Dudemaine, a quant à lui attaqué directement le maire de Montréal, Gérald Tremblay. «On a une administration qui a des réflexes mafieux. Qui prend avec des promoteurs privés des décisions qui ne respectent pas l'intérêt public», a clamé M. Dudemaine, qui demande la démission du maire.

M. Tremblay a été choqué par ces propos «hors de proportion» et a répété qu'il n'a pas l'intention de revenir sur sa décision. «Mais il y a moyen de ne pas avoir une bataille de clochers, a-t-il ajouté. Pourquoi ne pas plutôt travailler sur un concept de forfaits qui donneraient aux touristes accès à l'ensemble des festivals en province?»

Tant à Québec qu'à Ottawa, les politiciens ont été prudents, hier. Le ministre responsable de Québec, Sam Hamad, a répété que les subventions aux FrancoFolies devront être revues, sans préciser de quelle façon.

Le ministre responsable de la région de Montréal, Raymond Bachand, a quant à lui expliqué qu'il n'avait pas été mêlé à la décision. La ministre fédérale responsable de la région de Québec, Josée Verner, souhaite simplement que les parties discutent ensemble et trouvent une solution.

François Colbert, professeur de marketing aux HEC de Montréal, explique que les parties «auraient avantage à s'entendre entre elles». Selon lui, «Québec est un petit acteur par rapport à Montréal» et la ville «n'adopte pas la bonne stratégie». «Québec doit trouver un créneau que Montréal ne peut pas avoir. Par exemple, Québec est une ville de patrimoine. Elle devrait miser là-dessus. Québec a des avantages. Pourquoi miser sur le même terrain que Montréal? Les deux villes devraient travailler ensemble et devenir complémentaires», affirme M. Colbert.