Dans le contexte des FrancoFolies montréalaises, la place des Festivals était occupée samedi soir à pleine capacité par les festivaliers afin de commémorer un quart de siècle de Groovy Aardvark. Le fameux groupe québécois était ainsi extirpé de sa retraite, sept ans après un ultime spectacle donné au Métropolis.

Écrans géants, panneaux équipés de technologie LED dernier cri, éclairages de très bon niveau. En bref, Vincent Peake et ses collègues  (Martin Dupuis et François Legendre aux guitares, Pierre Koch à la batterie) étaient fort bien équipés pour balancer une heure et 45 minutes de son matériel créé et interprété pendant 18 années d'intenses activités.

Visiblement, les fans de la première ligne n'avaient pas oublié le répertoire! Plus on s'approchait de la grande scène des Francos, en fait, plus on ressentait la connaissance du menu au sein de cet auditoire des plus fervents.

Ultra-sonde fut d'abord introduite par les fameuses notes de la Rencontre du troisième type, classique de la science-fiction comme on le sait. Et vlan! Un direct au plexus: Y a-tu kelkun, incontournable, fondamentale, hymne absolu de Groovy. Plasma Bells vient ensuite, longue et rude. Puis Le coeur est une bombe, une des dernières créées par Groovy, plus proche d'une forme rock classique. Pour l'occcasion et pour des raisons évidentes, la chanson 64 sera rebaptisée... 78 !!!

À l'écoute de Reel, on se remémorera que le rigodon hardcore fut l'une des grandes spécialités de Groovy Aardvark, réelle contribution à notre patrimoine vivant. Dans la haute saturation il va sans dire! De Reel on passera à Raël, toujours dans l'esprit ufologue de Close Encounters of the Third Kind, visiblement un liant du spectacle. Au fameux illuminé (Claude Vorilhon de son vrai nom) était dédicacée Boisson d'avril, chanson également d'esprit trad hardcore. Le sein matériel, la suivante, était aussi un produit composite de grande distorsion et de québécitude. Quant à Earthrob, elle s'approchait du hardcore métal, tandis que Mashoo-garnotte se déployait sur un tempo moyen. Suivie de Téléthargique, un état aux antipodes de ce qu'on a vu et entendu samedi.

Était venu le temps de la venue imminente d'un «invité de... Marc», pour reprendre la formule de Vincent Peake. Marc Vaillancourt, en fait : souvenez-vous de BARF et ces grommellements classiques des années 90. Souvenez-vous de la plus rude version jamais imaginée du P'tit bonheur, une éternelle de Félix.

Pour certains mâles ayant entamé leur vie adulte, Localvicie, hard rock bien senti et apprécié par la foule, a été l'occasion de se reconnaître. Amphibiens, autre trad vitriolique à la manière Groovy avec pour pont sur l'air des Trois p'tits chats revu et corrigé... sévèrement! Quand il n'y en a plus il y en a encore : « vodka, bouette, lighter et cloche à vache » en mode rock extrême, Té triss s'enchaîne avec The Whole Gang et une éloquente contribution collective aux percussions, le tout coiffé par une séance de casseroles. Dans le contexte, c'était évidemment de bon ton. Dérangeant s'ensuivit, et on s'est passé la remarque : pourquoi n'y a-t-il pas profusion de chansons de de ce type exprimées en français? Et ce fut Summertime Again.

Plutôt que de se faire réclamer pour les rappels, Groovy Aardvark a poursuivi sans relâche sa généreuse prestation. Des extraits de musique classique jouées en rafale (pour employer un euphémisme) ont précédé Ankylose, une composition de Martin Dupuis. Ingurgitus, la dernière au programme, fut mitraillée de concert avec l'invité Pat Gauthier, chanteur du groupe rapcore RAID. Inutile d'ajouter que tout le monde a sauté.  Mitrailles, retrouvailles...