Comme c'est le cas depuis le début de la précédente décennie, plus de 200 artistes se produiront cinq jours et cinq nuits durant, et ce, dans une trentaine de salles de spectacles ou de bars. Avec la participation fervente de son public aventureux, POP Montréal s'annonce comme l'un des festivals les plus cool de l'année. Voici nos suggestions de demain à dimanche

Kilo Kish

Piccolo Rialto, demain, 1 h (programme de 23 h)

Originaire de la Floride, Lakisha Kimberly Robinson a fait ses études essentiellement à New York dans des écoles d'art et de design - le Pratt Institut et le Fashion Institute of Technology.

Avec ses colocs, elle a bidouillé ses premiers enregistrements audio pour ensuite collaborer avec The Jet Age of Tomorrow et The Internet. Homeschool, son premier EP, a été lancé en 2012, suivi l'année suivante du mixtape K+.

Le deuxième EP de Kish, Across, est sorti le 8 juillet 2014, avec la collaboration de Vince Staples et Chet Faker.

Elle était prête pour un premier album en 2016, et Reflections in Real Time a suscité assez d'intérêt pour que Kilo Kish apparaisse dans les albums Humanz (Gorillaz) et Big Fish Theory (Vince Staples).

EP de Kilo Kish lancé en septembre sous étiquette Human Re Sources, Mothe a récolté d'excellentes critiques. La chanteuse et artiste visuelle y explore un mélange singulier d'avant-pop, d'électro et de hip-hop/R&B. Certainement à part.



Cyber

Le Ministère, demain, 22 h 45 Parc du marché des possibles, dimanche, 15 h

Voilà une autre possible révélation à POP Montréal: Montréalaise d'origine haïtienne, Cyber fait dans différents styles et ne se confine aucunement au style soul/R&B.

Elle peut aussi faire dans la house, de la synth pop, de la chillwave, de l'ambient et ainsi déjouer les clichés black.

Chez Ghost Club Records, qui la soutient avec l'opus Equilibrium, on indique qu'elle s'est d'abord démarquée en tant que soliste au sein d'une chorale gospel pour ensuite migrer vers la musique pop, occuper les fonctions de choriste et finalement s'imposer comme chanteuse soliste.

Dotée d'une voix suave et puissante, elle a fait la transition du gospel aux musiques profanes d'aujourd'hui.

Cette chanteuse émergente a d'ores et déjà fréquenté des beatmakers de talent, on pense d'abord à Kaytranada et CRi, mais aussi à J.u.D, GrandBuda, Nabi-Patrick Kétouré ou Lust.

Tous les espoirs sont permis pour Cyber, inutile de l'ajouter.

photo fournie par le festival

Cyber

Richard Reed Parry

Le Ministère, jeudi, 22 h

Richard Reed Parry profite de la pause professionnelle d'Arcade Fire pour exploiter la matière de ce tout récent album solo, Quiet River of Dust Vol. 1, paru sous étiquette Secret City Records au Canada et chez Anti- à l'étranger.

On sait que ce multi-instrumentiste et chanteur montréalais est l'un des membres d'AC les plus intéressés aux musiques contemporaines d'avant-garde, un peu à la manière de son ami Bryce Dessner chez The National.

Très clairement, on sent chez lui les influences minimalistes et post-minimalistes, de Steve Reich à Philip Glass en passant par Nico Muhly ou John Adams, mais aussi de diverses musiques traditionnelles (celtes, notamment) et de space rock des années 60-70.

Ces divers matériaux sonores sont mis au service de mélodies vocales et d'harmonies chorales pour la plupart consonantes. Voilà le ciment de chansons allongées (jusqu'à 9 minutes et 33 secondes!) par divers effets orchestraux, atypiques dans le contexte pop auquel le grand public est habitué.

Quelles en seront les transcriptions sur scène?

photo fournie par le festival

Richard Reed Parry

Sydanie

Le Belmont, jeudi, 23 h 10 Parc du marché des possibles, dimanche, 14 h

Connue également sous le surnom de «supernatural rapper mom», Sydanie est une MC torontoise d'origine caribéenne (Jamaïque et Trinité), aussi une activiste et leader communautaire très impliquée dans le dossier de l'émancipation de jeunes mères issues de milieux défavorisés.

En tant que rappeuse, elle a profondément séduit la direction artistique de POP Montréal, et pour cause: son flow très éloquent, rythmiquement impeccable, porteur de thématiques privées ou sociales, se cale parfaitement dans une impressionnante diversité de propositions musicales peu communes en Amérique du Nord.

Sydanie opte effectivement pour un mélange explosif de grime afro-britannique, de house, de dark ambient ou de trap.

Ces sons sont bricolés par une cohorte de beatmakers peu connus pour l'instant, mais on ne peut plus prometteurs - on pense ici à Leucrocuta, KVJE, yung guv, Gates, emune.

Voilà l'occasion d'assister à l'émergence d'une artiste qui pourrait s'imposer internationalement.

photo fournie par le festival

Sydanie

Alanis Obomsawin

Salle Ludger-Duvernay du Monument-National, vendredi, 21 h 20

Alanis Obomsawin, 86 ans, est une femme de tous les talents. Auteure, cinéaste, documentariste, l'artiste amérindienne a longtemps été chanteuse.

En 1988, elle enregistrait l'album Bush Lady, magnifique folk de chambre en langue abénakise, assortie d'harmonisations, d'instrumentation et d'arrangements très audacieux pour l'époque de sa sortie.

Cet enregistrement coiffait alors près de trois décennies de chanson engagée, mais obtint un impact relativement confidentiel hors des cercles d'initiés et des réseaux autochtones.

Or, cet album pourrait être beaucoup mieux reçu par les mélomanes de 2018, ce qui justifie amplement sa réédition sous étiquette Constellation.

La matière de Bush Lady fait aussi l'objet d'un nouveau spectacle mis en oeuvre par Radwan Ghazi Moumneh, l'an dernier au festival Le Guess Who à Utrecht.

L'octogénaire y reprend ce répertoire avec cordes et percussions sur cadre. En ces temps propices à la redécouverte de la parole et de la culture autochtones, le retour sur scène d'Alanis Obomsawin tient du miracle.

photo fournie par le festival Mariposa

Alanis Obomsawin

Léna Plátonos

Salle Seventh Heaven Gin Rialto, vendredi, 23 h

Léna Plátonos, 66 ans, est pianiste, poétesse, compositrice de musique électronique. En Grèce, elle est considérée comme une pionnière dans le domaine, de surcroît une grande inspiratrice pour les artistes issues des générations subséquentes.

Elle enregistre single, EP et albums depuis 1981. Malgré son éducation musicale de haut niveau, elle semble refuser de choisir le camp des musiques sérieuses sans pour autant se vautrer dans la facilité pop.

Ses compositions puisent autant dans la techno, la synth pop et la chanson que dans l'univers électroacoustique ou le jazz.

Redécouverte par les connaisseurs de musiques électroniques, Léna Plátonos s'amène fort heureusement à Montréal.

Ses thuriféraires la présentent comme une excentrique géniale, de la trempe des Brigitte Fontaine, Scott Walker, Annette Peacock et Holger Czukay, artistes cultes confinés aux voies parallèles leur vie durant.

Voilà une de ces résurrections dont POP Montréal a le secret.

photo fournie par le festival

Léna Plátonos

Thus Owls

Centre Phi, samedi, 21 h

Que Thus Owls, formation du couple canado-suédois que forment Simon et Ericka Angell, ne soit pas encore un vaste et franc succès auprès du public indie tient du mystère.

Ce groupe réunit pourtant toutes les qualités des meilleurs de leur époque: chanteuse d'exception, guitariste d'exception, dosage idéal entre forme chansonnière et exploration, mélodies fédératrices, collaborateurs de haute volée, et ce nouveau projet des plus excitants: The Mountain That We Live Upon, quatrième album rendu public ce vendredi.

Ont été recrutés pour l'opus studio le batteur Samuel Joly, la chanteuse Laurel Sprengelmeyer (Little Scream), le guitariste et bassiste Nicolas Basque (Plants & Animals), Michael Feuerstack (The Luyas), et plus encore.

Rock indé, électro, jazz et musique contemporaine sont parmi les matériaux de cet album d'excellent niveau, présenté samedi dans un contexte immersif - soit avec la danseuse et performeuse Hanako Hoshimi-Caines et les projections concoctées par le cinéaste Karl Lemieux.

photo fournie par le festival

Thus Owls

Ninos du Brasil

Piccolo Rialto, dimanche, 0 h 30 (programme de 23 h 30)

Se consacrant à une mixtion de musique électronique (surtout techno) et de batucada brésilienne (dérivé carioca de samba avec percussions proéminentes), le groupe italien Ninos du Brasil a créé une sorte de samba industrielle.

On a ainsi affaire à des échantillons probants de congas, cloches, djembé, caisse claire, timbales, claves, maracas, steel drums, cuicas, sifflets, cris ou chants de ralliement, le tout filtré dans une esthétique technoïde.

Cette approche très virile de la percussion brésilienne, pour ne pas dire brutale, n'en demeure pas moins idéale pour le plancher de danse.

On ne s'étonnera pas que Nico et Nicolos, protagonistes de l'action, soient d'anciens praticiens de type hardcore/punk!

L'attitude originelle est maintenue, la connaissance rythmique est accrue, attachez vos tuques avec de la broche!

photo Marco Messa Zanin, fournie par le festival

Ninos du Brasil