Découvrir l'artiste Frida Kahlo «au-delà du mythe», c'est l'aventure que propose le Musée de la culture de Milan, le Mudec, jusqu'au 3 juin.

Fruit de six années d'études et de recherches, cette exposition entend proposer une nouvelle clé de lecture de l'oeuvre de l'artiste mexicaine la plus célèbre au monde.

«Même si cela peut sembler paradoxal, c'est le grand nombre d'expositions dédiées à Frida Kahlo qui a généré ce nouveau projet parce que la légende qui s'est créée autour de la vie de l'artiste a souvent servi seulement à empêcher une vraie connaissance» de son art, explique le commissaire Diego Sileo.

Selon lui, la majeure partie des expositions se sont limitées à analyser, avec une certaine morbidité, ses traumatismes familiaux, sa relation tourmentée avec le peintre Diego Rivera, son désir frustré d'être mère et sa lutte contre la maladie.

«Dans le meilleur des cas, sa peinture était interprétée comme un simple reflet de ses vicissitudes personnelles» ou «comme un symptôme de ses conflits et déséquilibres internes», ajoute Diego Sileo, en soulignant que l'artiste était ainsi «irrémédiablement avalée par le mythe».

L'exposition Frida Kahlo. Au-delà du mythe veut dépasser cette vision simplifiée de l'artiste, en proposant une réflexion autour de quatre thèmes: la Femme, qui montre comment Frida Kahlo utilisait son propre corps comme un manifeste; la Terre, qui révèle la forte identification de l'artiste avec les éléments de la nature; la Politique, donnée majeure pour celle qui fut une militante engagée, et la Douleur, qui témoigne de cette oscillation entre mort et vie, beauté et provocation macabre.

«L'Histoire avec un grand H»

Outre des dessins et photographies, une cinquantaine de tableaux sont exposés, dont les célèbres La colonne brisée (1944), Diego dans mes pensées (1943), Ma nourrice et moi (1937) et Autoportrait au singe (1938).

Le parcours rassemble toutes les oeuvres de l'artiste présentes au Musée Dolores Olmedo de la ville de Mexico et celles appartenant à la collection Jacques et Natasha Gelman - les deux plus grandes collections de Frida Kahlo au monde - de même que des peintures venant d'autres grands musées comme le Phoenix Art Museum.

L'exposition montre comment Frida Kahlo, dont le talent n'a été reconnu qu'après sa mort en 1954, à l'âge de 47 ans, cachait de nombreux secrets.

Elle permet d'appréhender différemment sa production grâce notamment aux documents, photos, dessins et objets personnels retrouvés à la Casa Azul, sa maison de Mexico, et dévoilés en 2007.

Pour Diego Sileo, qui a mené sa propre enquête au Mexique, l'exposition vise à aller au-delà de l'idée associée à la figure de la femme artiste: malade et hypersensible, instable émotivement, formée à l'ombre d'un maître avec qui elle noue une histoire d'amour tragique et passionnelle...

Pour lui, ses oeuvres transpirent les débats sociaux et politiques de l'époque. «Son univers plastique est le public» et «son thème est l'histoire avec un grand H, l'histoire politique et sociale», note le commissaire.

Frida Kahlo, Oltre il mito, du 1er février au 3 juin, Mudec, via Tortona 56, Milan. www.mudec.it/eng/