Karine Lanoie-Brien et l'ONF feront revivre 1967, cette année charnière dans l'histoire de Montréal, avec Expo 1967 Live, une installation immersive de 27 minutes projetée sur les murs de la Place des Arts à partir du 18 septembre.

«En 67, tout était beau, c'était l'année de l'amour, c'était l'année de l'Expo», chantait Beau Dommage. Ce n'était pas le 375e anniversaire, mais la ville s'ouvrait véritablement au monde et tout le monde venait à Montréal. Avec 435 pieds linéaires d'écrans géants, 65 haut-parleurs et des milliers de plans d'archives,  Expo 67 Live veut recréer la grandeur d'un événement incontournable de l'histoire de la modernité montréalaise.

«Avoir la chance de retourner dans les années 60 pour trouver ce qu'il y avait de magique dans cette expérience-là, je crois que ça peut être inspirant. Quelqu'un qui a 15, 16 ans et qui voit Expo 67 Live va comprendre d'où il arrive», décrit Karine Lanoie-Brien, conceptrice-réalisatrice du projet de l'ONF.

Travail de fou, travail de moine: retrouver parmi les archives quelques secondes utiles de film, les amplifier, les recoller afin de concocter une projection d'environ une demi-heure sur écrans multiples.

«Il y a une transmission orale qui s'est faite au sujet de l'Expo. Il s'agissait de concrétiser ce patrimoine 50 ans après. La mission de l'ONF permet ça. Expo 67 Live est un projet à haut niveau de risque», résume pour sa part le producteur de l'ONF René Chénier.

Minicentrale électrique

Pour ce projet hors norme, ça prenait une minicentrale électrique, une génératrice d'idées. L'ONF a trouvé sa perle rare en Karine Lanoie-Brien. Artiste multidisciplinaire enthousiaste, la jeune femme s'est entourée d'une équipe de jeunes branchés, notamment Francis Gélinas, pour relever ce défi monumental.

«C'est un travail de patrimoine important. Ce que j'ai aimé avec les archives, c'est le travail artisanal, dans le détail. Je me suis mise au service de ce travail merveilleux.»

La dynamique artiste a voulu rendre hommage aux créateurs d'Expo 67 en imaginant une salle de cinéma extérieure avec effet cathédrale à la Place des Arts, ou encore, comme elle le dit, une expérience de «réalité virtuelle collective».

«En voyant ce qui s'était fait lors de l'Expo, je me suis dit que ça prenait une île cinématographique. Je cherchais deux îles au centre-ville. L'Expo était un événement transformateur par l'émerveillement. Les gens ont été transformés par l'Expo, la rencontre de l'autre, le goût des mets venant d'ailleurs, d'autres sortes de musique.»

La musique a d'ailleurs été essentielle à la réalisation du projet.

«C'est un film-événement et un spectacle, explique-t-elle. Il n'y avait pas beaucoup de sons réels de l'Expo. J'ai écouté 350 pièces pour la trame musicale en tenant compte de l'esprit de chacun des pavillons et de l'époque.»

Haute définition

À partir d'images en 35 et en 16 mm, les artisans de l'ONF ont donc passé plusieurs mois à numériser en haute définition ce qui allait servir de matériau de base à cette installation monumentale.

«Jamais les employés de l'ONF n'auront travaillé autant sur un projet. On occupe 120 téraoctets sur le serveur de l'ONF. C'est énorme. Je crois qu'on est en train de créer une nouvelle forme de récit cinématographique spatialisé avec ce projet», explique René Chénier, producteur de l'ONF.

Au-delà de la technologie, c'est le récit qui prime, l'émotion, dirait Karine Lanoie-Brien.

«J'avais envie de créer un contact réel, une rencontre. La technologie nous l'offre aujourd'hui, mais le lien réel, c'est ce dont on a besoin. Être ensemble, rassemblés. Au risque d'être critiquée pour ne pas être assez techno, j'ai voulu être le plus proche de ce qu'ils ont fait en 1967, mais avec les moyens de 2017.»

L'installation Expo 67 Live sera diffusée quatre fois par soir dès 18 h 30 sur l'Esplanade de la Place des Arts du 18 au 30 septembre.https://www.onf.ca/expo67live/

Photo David Boily, La Presse

Les employés de l'ONF affectés au projet Expo Live 67 ont travaillé avec acharnement pour parvenir au résultat escompté. «On occupe 120 téraoctets sur le serveur de l'ONF. C'est énorme», dit le producteur René Chénier.