Cofondateur du centre d'artistes autogéré Perte de signal, en 1997, Sébastien Pesot est passionné de musique et d'art punk comme post-punk. Il y a deux ans, il a organisé dans une salle de l'Université de Sherbrooke à Longueuil l'expo Dans un monde post: un événement post-punk, avec les oeuvres de sept artistes canadiens, notamment Sylvain Bouthillette, Annie Baillargeon et Mathieu Valade.

Il a voulu prolonger l'aventure à New York. Muni de la documentation sur l'expo de Longueuil, il est allé convaincre la galerie The Invisible Dog de Brooklyn d'organiser une exposition sur l'influence du punk sur la société actuelle et sur l'art en particulier, avec des oeuvres d'artistes américains et québécois actuels.

Soutenu par la délégation du Québec à New York et par le Conseil des arts et des lettres du Québec, il vernira l'exposition In a Post-World: Post-Punk Art Now à Brooklyn le 27 octobre.

«New York, c'est quand même la capitale mondiale des arts, alors on s'est dit qu'il fallait y aller puisque le punk est aussi né à New York, à peu près en même temps qu'en Angleterre.»

Pour cette expo, Pesot a bénéficié de l'expérience du centre Clark qui avait organisé en 2012 l'événement Québec-Brooklyn. Puis il a sélectionné 11 artistes new-yorkais: Rafael Fuchs, Paul D'Agostino, Todd Bienvenu, Michael David, Mina Pam Dick, Mandy Lyn Ford, Ted Riederer, Aaron Cometbus, Martha Wilson, Richard Garet et Claudia Eve Beauchesne, une Québécoise qui vit dans la Grosse Pomme.

Des artistes qui se sont approprié d'une certaine façon l'esprit punk, notamment le goût de choquer ou de surprendre les esprits. Michael David, artiste juif, crée par exemple des oeuvres avec des svastikas. Ted Riederer fera une performance lors du vernissage: Drums & Roses est un solo de batterie dans lequel les baguettes sont remplacées... par des roses.

Du côté québécois, les artistes choisis (plasticiens, écrivains et poètes) embrassent plus ou moins l'héritage punk: Annie Baillargeon, Sylvain Bouthillette, Marc-Antoine K. Phaneuf, Jacinthe Loranger, David Clerson, Jacob Wren, Mathieu Valade et la performeuse Julie Andrée T.

Surprenante publication

«L'idée a aussi été d'appuyer l'exposition avec une publication qui soit une exposition de papier dans l'exposition, dit Sébastien Pesot. La publication Post-Punk Art Now permettra de soutenir l'affirmation sur l'influence du punk avec des textes et des images.»

La publication bilingue est lancée ce soir à Arprim. Créée par le graphiste Anouk Pennel, cofondateur du studio de design graphique Feed, c'est un objet punk en soi, par sa grande taille - elle mesure 27 po sur 19,5 po - et son lettrage marquant blanc sur noir. C'est aussi le véhicule adéquat pour nous éclairer sur la culture punk née avec les Sex Pistols.

On peut y lire des textes sur les influences du punk et ses inspirations, notamment d'Aaron Cometbus, l'anthropologue punk qui publie depuis 35 ans le fanzine Cometbus, ou de Mina Pam Dick, poétesse hybridant les genres dans la lignée de Patti Smith. Le Britannique Andrew Hussey y signe un papier sur le situationniste Guy Debord. Et le philosophe français Philippe Nassif y va de sa réflexion sur la liberté d'être et le «Do It Yourself».

En même temps, l'ouvrage reproduit quelques-unes des oeuvres des artistes qui exposeront à Invisible Dog, notamment l'oeuvre macabre I'm Going to Die, de Martha Wilson.

«La publication nous permet d'arriver à New York avec une déclaration forte, dit Sébastien Pesot. Les New-Yorkais n'ont sans doute jamais vu une telle publication et autant dire que c'est dur d'arriver à New York avec quelque chose qu'ils n'ont jamais vu! On a pensé grand et pourtant ce n'est pas lié à Think Big

______________________________________________________________________________

Lancement de la publication Post-Punk Art Now, au centre d'essai en art imprimé Arprim (372, rue Sainte-Catherine Ouest, Montréal), ce soir à 17 h 30, et en exposition jusqu'à dimanche.

In a Post-World : Post-Punk Art Now, une exposition montée par Sébastien Pesot, à la galerie The Invisible Dog (51 Bergen Street, Brooklyn, New York), du 27 octobre au 7 novembre.