Dans le cadre de la Biennale de Montréal, l'artiste français Benjamin Seror vient présenter Marsyas, pauvre Marsyas, une oeuvre filmée devant public lors des deux prochains week-ends.

Benjamin Seror se fait son cinéma. En carton-pâte devant public, il réalise un film d'action comme l'auraient probablement fait les Grecs de l'Antiquité. Le sujet: Marsyas, ce Robin des Bois antique qui a volé la musique aux dieux pour l'offrir aux pauvres mortels que nous sommes.

«J'aime beaucoup cette idée qu'un humain au Moyen Âge, au temps de la Grèce antique ou maintenant partage les mêmes émotions, les mêmes sentiments, explique-t-il en entrevue. Je réfléchis beaucoup à comment est l'humain à travers les âges.»

Ce retour de la fiction dans l'art contemporain est l'une des tendances de BNL MTL 2016. Benjamin Seror en a fait sa raison d'être. 

«Toutes les histoires continuent de nous habiter. Dans la réalité quotidienne, les fictions nous aident à nous tirer de situations complexes. Dans la mythologie grecque, il y a cette idée que tout était représenté par un dieu. Il y a du vin, mais aussi la fiction du vin. Dans la fiction, on peut aussi se projeter à travers le temps et imaginer comment était la vie avant nous ou comment elle sera dans le futur.» 

Non seulement la fiction aide à faire oublier, à divertir, mais elle est nécessaire, selon lui. 

«L'art peut nous aider à changer notre environnement, à changer les choses autour de nous. Les voyages dans le passé et dans des mondes qui n'existent pas nous permettent d'y trouver des idées pour changer notre monde aujourd'hui.»

Le rêve, l'imaginaire, l'invention sont à la base de ce travail qui reste éminemment ludique, mais qui permet de toucher un certain au-delà, de nouveaux sens.

«Marsyas n'a pas peur des dieux. Il faut les dépasser. L'idée que l'on puisse changer les choses, c'est une manière de dire que l'on n'a pas peur de ces forces divines. Je travaille principalement avec le langage. Par les médias, les gens subissent le langage, alors qu'il pourrait être un outil très fort pour se libérer et transformer le monde. On a besoin de fiction pour pouvoir inventer le monde.»

Quant aux Donald Trump et autres mystificateurs de ce monde, l'artiste s'en remet à l'intelligence du public, dont la présence est «très importante», lors de la captation qu'il fait de sa performance.

«On entre dans une ère de post-vérité dans laquelle on peut raconter n'importe quelle histoire. Mais où est notre confiance ? La fiction n'est pas un mensonge, c'est une autre version de la réalité. Quand on est face à Donald Trump, il faut être très fort pour reconstruire nos propres narrations.»

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Benjamin Seror présente Marsyas, pauvre Marsyas les 24 et 25 septembre en français et les 30 septembre et 1er octobre en anglais au Studio 303 (372, rue Sainte-Catherine Ouest). Le film qu'il en tirera sera présenté lors de BNL MTL 2016.

Photo fournie par l'artiste

Benjamin Seror, Marsyas, pauvre Marsyas