Si les ventes de la Maison Heffel s'adressent surtout à de riches collectionneurs, les amateurs d'art aux moyens plus limités peuvent néanmoins rêver en profitant du fait qu'avant chaque encan, Heffel expose ces oeuvres qui vont changer de propriétaires. Cela permet d'admirer des beautés rares... avant qu'elles ne repartent vers leur nouvel écrin, le plus souvent privé.

Pour cet encan printanier, le bureau montréalais d'Heffel expose 91 des oeuvres d'art en vente à partir d'aujourd'hui et jusqu'à samedi, de 11 h à 18 h. Avec un grand nombre d'oeuvres contemporaines réalisées par 38 artistes.

« En 2008, on a scindé nos ventes en deux, une partie beaux-arts et une partie contemporaine, en créant deux catalogues distincts, explique Tania Poggione, directrice du bureau montréalais de la Maison Heffel. L'art canadien d'après-guerre croît effectivement de façon plus prononcée. Avec certains artistes comme Molinari. » 

Notre Guido national est, en effet, une fois de plus présent chez Heffel avec un Sans titre de 1968 (estimé autour de 125 000 $) et Quantificateur rouge (autour de 90 000 $) vendus par un héritier de l'artiste. 

En art contemporain, les amateurs de photo seront ravis de pouvoir admirer deux impressions d'Edward Burtynsky, Nickel Tailings # 39, Sudbury, Ontario, et Shipbreaking # 4, Chittagong, Bangladesh, abordant les thèmes de l'environnement et des conditions de travail des ouvriers.

CONVOITÉ KENT MONKMAN

Une toile sera très convoitée : Sacred Vows, du peintre d'origine crie Kent Monkman. De moins grand format que ses autres oeuvres vendues précédemment par Heffel, celle-ci traduit les origines et inspirations à la fois européennes et autochtones de l'artiste. 

Monkman a célébré dans cette toile l'art flamand en peignant le ciel à la manière de Jacob van Ruisdael tout en réinterprétant la peinture Red River Settlement, réalisée en 1848 par Paul Kane et dont il a emprunté tous les détails du paysage. 

La vente proposera aussi deux toiles de Colville, trois sculptures de Joe Fafard, des créations de Claude Tousignant, William Kurelek, Jack Bush, Riopelle, McEwen, Marcelle Ferron ainsi que trois oeuvres de Jean Paul Lemieux, dont deux vendues par des collectionneurs montréalais. L'énigme et La prairie (toutes deux peintes en 1964) avaient fait partie de l'exposition du Musée du Québec de 1974 qui fut par la suite présentée à Moscou, Saint-Pétersbourg, Prague et Paris. 

BEAUX-ARTS

Dans la section beaux-arts, la vente comprendra trois huiles de Lawren S. Harris dont Laurentian Landscape, vendue 8400 $ en 1966 par le marchand d'art torontois G. Blair Laing à un collectionneur ontarien. 

Pour la vente du 25 mai, ce paysage des Laurentides réalisé en 1913-1914 par le peintre canadien est estimé... entre 1,2 et 1,6 million. La pièce maîtresse de la vente. 

La vente propose aussi des huiles sur papier, une huile sur toile et une aquarelle, Gitwangak, d'Emily Carr. Cette dernière oeuvre - d'immenses totems autochtones peints en 1927 - est estimée entre 200 000 et 300 000 $. 

Une toile superbe d'E.J. Hughes, The Post Office at Courtenay, BC, attirera aussi l'attention, avec son harmonie de couleurs chaudes et sa grande modernité. L'oeuvre a été peinte en 1949, trois ans après que l'artiste britanno-colombien eut quitté l'armée et retrouvé la paix. 

Les amateurs de beaux-arts pourront aussi admirer des oeuvres de Marc-Aurèle Fortin, Marc-Aurèle de Foy Suzor-Coté, A.Y. Jackson, James Wilson Morrice, Paul Peel, Franklin Carmichael et W.P. Weston. Bonne visite !

Présentation des oeuvres de la vente Heffel du printemps, Maison Heffel (1840, rue Sherbrooke Ouest, Montréal), d'aujourd'hui à samedi, de 11 h à 18 h.

Photo Edward Burtynsky, fournie par la Maison Heffel

Nickel Tailings # 39, Sudbury, Ontario, 2002, d’Edward Burtynsky (1955-), impression couleur chromogène, 101,6 cm x 152,4 cm.

Photo fournie par la Maison Heffel

Sacred Vows, 2001, de Kent Monkman (1965-), acrylique sur toile, 40,6 cm x 50,8 cm.