Le Metropolitan Museum de New York s'étend à l'ancien domicile du Whitney Museum, qui ouvrira le 18 mars sous le nom de Met Breuer, lieu destiné à l'art moderne et contemporain.

Le Met et le Whitney, qui a déménagé en 2015 mais est toujours propriétaire du bâtiment, ont conclu un bail de huit ans.

Réalisé en 1966 par l'architecte hongrois Marcel Breuer et situé non loin du bâtiment historique du Met, l'immeuble est une construction massive toute de granit et de béton, dotée de quelques rares ouvertures.

«C'est un chef-d'oeuvre de l'architecture du milieu du 20e siècle et nous allons le réactiver avec un nouvel esprit artistique», a expliqué le directeur du Met, Thomas Campbell, lors d'une visite avec la presse.

Pour lui, cette résurrection est un «moment important pour la ville» de New York.

Le projet a été impulsé par le milliardaire Leonard Lauder, fils de la géante des cosmétiques Estée Lauder, qui a fait don au Met de plusieurs millions de dollars afin qu'il enrichisse son offre d'art moderne et contemporain.

La démarche visait à combler un manque dans le fonds du Met, quitte à marcher sur les plates-bandes du Whitney, du Museum of Modern Art (MoMA) et du Guggenheim, tous déjà présents sur ce segment.

Le Met estime lui que le Breuer constitue un complément de l'offre existante en proposant un lien entre le présent et son fonds qui s'étend sur plusieurs siècles.

Les autres musées «montrent de l'art moderne et contemporain dans un contexte moderne et contemporain», explique Thomas Campbell.

«Le Met, lui, possède ces traditions historiques que les artistes modernes et contemporains saluent ou rejettent», poursuit-il, évoquant «une expérience différente».

Les anciens rencontrent les modernes

Cette dimension historique est présente dans l'une des deux expositions inaugurales du Met Breuer, Unfinished: Thoughts Left Visible.

Elle présente 190 oeuvres réalisées depuis la Renaissance jusqu'à notre époque, qui semblent inachevées ou qui n'ont pas été achevées volontairement.

Près de 40% des pièces viennent de la collection du Met.

Le reste est prêté par plus de 100 collectionneurs privés et musées, notamment une toile de Vincent Van Gogh venue d'Helsinki et une autre du Titien, arrivée de République tchèque.

«Je pense que les gens sortiront de cette exposition tout à fait stimulés par l'idée qu'ils ont été immergés dans le monde de la création», prévoit Andrea Bayer, responsable de la peinture européenne au Met.

L'exposition effectue des parallèles entre les maîtres classiques et des figures renommées de l'art moderne et contemporain, un choix de présentation qui a fait florès ces dernières années.

Rembrandt, Turner et Cézanne côtoient ainsi Jackson Pollock ou Robert Rauschenberg.

«Certains prennent une orientation plus conceptuelle, mais les artistes posent toujours les mêmes questions», souligne Andrea Bayer.

L'autre exposition présentée pour l'ouverture du Met Breuer est consacrée à la première rétrospective américaine de l'artiste indienne Nasreen Mohamedi, décédée en 1990.

Son travail, conceptuel, est connu pour ses lignes et angles, le plus souvent en noir et blanc.

Née à Karachi, qui se trouve aujourd'hui au Pakistan, Nasreen Mohamedi a vécu et travaillé en Inde, dans un relatif anonymat.

«C'est un pas de géant pour nous», s'enthousiasme Kiran Nadar, collectionneur indien qui possède plusieurs oeuvres de l'artiste et a ouvert, il y a six ans, le Kiran Nadar Museum of Art, à New Delhi.

«L'art indien est perçu comme très figuratif. Donc voir de l'abstrait dans le plus pur sens du terme venant d'Inde va changer le regard des gens ici», prévoit-il.

L'intérêt pour l'art indien est en hausse en Occident.

Durant l'hiver 2014-15, le Guggenheim a présenté une rétrospective de l'artiste indien V.S. Gaitonde, qui a côtoyé Nasreen Mohamedi.