«C'est comme un voyage dans le temps», dit l'ex-amoureuse de Jimi Hendrix, assise sur le lit qui fut le leur, en contemplant la chambre redécorée à l'identique qu'ils partageaient dans le Swinging London des années 1960.

C'est ici, au 23 Brook Street, que le musicien américain et sa petite amie anglaise Kathy Etchingham ont vécu entre 1968 et 1969. Ici que le guitariste de génie a inventé plusieurs des riffs qui ont révolutionné la musique. Ici qu'il a découvert le thé et le compositeur Georg Friedrich Haendel.

À partir de mercredi, on peut visiter, pour 7,50 livres (environ 15 $) et à 20 personnes en même temps au maximum, le petit appartement, situé dans le quartier chic de Mayfair au centre de Londres. Et découvrir que derrière le musicien de légende se cachait un homme d'intérieur soigné.

Grâce à la mémoire intacte de Kathy et des photos de l'époque, la chambre à coucher du couple au troisième étage a été reconstituée à l'identique.

Les albums qu'ils écoutaient reposent à côté du tourne-disque. Bob Dylan est sur la platine. Un service à thé, deux téléphones et un téléviseur sont posés à même le plancher orné de tapis persans.

Un jeu de Monopoly trône sur l'une des deux grandes enceintes, des plumes décorent la cheminée, dans une ambiance très hippie.

Le miroir et la table basse sont d'origine. Sur la table de chevet, on peut voir un document manuscrit et un enregistreur portable.

«C'est vraiment comme à l'époque», glisse Kathy Etchingham qui fut la première femme DJ de la capitale dans les années 1960.

Voisin de Haendel

L'appartement, qui comprenait également une deuxième pièce, une cuisine et une salle de bain (non proposées à la visite), est situé dans un immeuble voisin de celui occupé au XVIIIe siècle par le compositeur Georg Haendel, un autre pionnier dans son genre.

La maison de Haendel, au numéro 25, est elle-même un musée. La chambre de Jimi Hendrix abritait d'ailleurs les bureaux du Handel House Trust, avant que celui-ci décide de la transformer à son tour en lieu de souvenir.

Désormais on peut visiter à la fois la chambre de Hendrix et la maison de Haendel, où est exposée une guitare acoustique de l'Américain, une Epiphone FT79.

«C'est probablement sa meilleure guitare qui nous reste. Il avait l'habitude d'en casser beaucoup sur scène», rappelle Martin Wyatt, directeur adjoint du musée.

Hendrix a appris à bien connaître Haendel, né plus de deux siècles plus tôt en Allemagne avant de s'installer à Londres, lors de son séjour dans la capitale britannique. Une plaque à la mémoire du compositeur était en effet accrochée de manière ambiguë à l'extérieur de son ancienne maison, faisant hésiter le visiteur entre le no. 23 et le no. 25.

Hendrix a ainsi reçu la visite de nombreux étudiants en musique et admirateurs de Haendel. «À force de discuter avec eux, Jimi a pensé qu'il ferait mieux de s'intéresser à son oeuvre», se rappelle Kathy Etchingham.

Il a donc acheté Le Messie, l'une des oeuvres les plus célèbres de Haendel, composée 227 ans plus tôt de l'autre côté du mur de sa chambre londonienne.

Né à Seattle, sur la côte ouest des États-Unis, Hendrix s'est bien adapté à la vie britannique.

«Il n'avait jamais bu de thé avant de venir mais ici il n'avait pas le choix», plaisante son ancienne amie. Le couple s'est installé le 4 juillet 1968 pour un loyer de 30 livres (environ 60 $) par mois, avec leur chat, Pussy.

«Jimi était très ordonné et aimait le rangement. Il avait été dans l'armée et était habitué à faire son lit, c'était un perfectionniste», souligne-t-elle.

Hendrix a déménagé en octobre 1969 avant de mourir, moins d'un an plus tard dans un hôtel londonien, probablement d'une surdose de barbituriques, à l'âge de 27 ans.