L'ONF continue sa percée numérique avec un projet ambitieux. L'expérience de réalité virtuelle (RV) Le photographe inconnu porte sur le pouvoir des images et les ravages de la guerre.

En ce jour du Souvenir, la firme Turbulent et l'ONF se souviennent. Les coproducteurs de l'expérience de RV Le photographe inconnu lancent une immersion interactive d'une vingtaine de minutes sur les ravages de la guerre. Celle dont il est question ici est la première qu'on a dite mondiale. 

Pendant son adolescence, le réalisateur Philippe Baylaucq a découvert un album de près de 300 photos de ce conflit. Il l'a remis au photographe et documentariste Bertrand Carrière, qui en fait un court métrage d'enquête sur l'origine mystérieuse des photos. 

Ce film constitue un excellent complément à l'oeuvre fictive Le photographe inconnu, qui parle éloquemment de la guerre, de toutes les guerres. 

«Cela traite des ravages de la guerre qui durent encore aujourd'hui. On a voulu recréer les émotions transmises par un vieil album de photos», d'expliquer la productrice Claire Buffet, de la maison Turbulent. 

«Les premiers échos des gens du milieu que nous avons à propos de cette RV, ajoute Louis-Richard Tremblay, de l'ONF, c'est qu'il s'agit d'une expérience des plus pertinentes tant sur les plans du contenu que de la technique ou de la direction artistique.»

Le visionnement nous laisse croire que cette mission est réussie grâce notamment à un beau texte sur les traumatismes causés par la guerre, écrit par la romancière Catherine Mavrikakis et lu avec émotion par le comédien François Papineau. 

«J'ai beaucoup aimé ce projet qui m'a amenée à travailler sur des images. Tout était nouveau pour moi. J'ai appris à travailler en équipe avec des gens extraordinaires», affirme l'auteure Catherine Mavrikakis.

Le photographe inconnu est déjà sélectionné en compétition officielle dans la catégorie de récit numérique au festival d'Amsterdam (IDFA), à la fin du mois. 

Des premières

L'équipe de ce projet en RV se compose de Loïc Suty (réalisation), Claudine Matte (direction artistique), Osman Zeki (développement technique) et Alexandre Leduc (direction de production).

«C'est une première expérience en réalité virtuelle pour nous, avoue ce dernier, mais nous nous sommes bien entourés et avons profité pleinement de l'expérience de l'ONF dans le domaine.» 

Ce premier moyen métrage en docufiction immersive pour l'ONF fait voyager à travers les paysages désolés de la Première Grande Guerre. Les photos nous font comprendre que cette première «guerre industrielle» a endommagé les esprits et les coeurs pour les décennies à venir, sans parler des dommages matériels, voire spirituels. 

«Il y a trois trames narratives possibles. On peut refaire l'expérience plusieurs fois en la revivant différemment», précise le réalisateur Loïc Suty.

Le photographe inconnu allie en effet une richesse de contenu à une présentation visuelle des plus originales dans un message sans équivoque sur les horreurs de la guerre. 

Dès aujourd'hui, le court métrage de Bertrand Carrière sur l'histoire de l'album photo peut être vu sur le site de l'ONF. La RV Le photographe inconnu sera présentée en première mondiale aux RIDM (à la Cinémathèque québécoise) à compter du 13 novembre.