Le Quartier des spectacles a mis la main sur l'oeuvre d'une des grandes créatrices d'art public à l'international, Janet Echelman. Sa pièce Montréal 1.26 flottera dans le ciel montréalais jusqu'au 4 octobre.

Les capteurs de rêve autochtones ont le vent dans les voiles. Moins connus sont les capteurs de vent. C'est là tout l'art de Janet Echelman. L'artiste américaine crée des sculptures géantes en filets colorés qui s'agitent dans le ciel au gré des vents.

Quand on travaille en art public, l'auditoire est très, très vaste. Des millions de spectateurs ont vu, depuis près de 20 ans, des oeuvres de Janet Echelman à Singapour, Sydney, Stuttgart, Madrid, Amsterdam, Rotterdam, New York, Porto, entre autres. Elle s'amène maintenant à Montréal.

Malgré son expertise originale, pour ne pas dire unique, l'artiste de Boston refuse de dire qu'elle connaît parfaitement son matériau premier, le vent.

«Jamais je ne dirai que je maîtrise le vent. Je l'étudie attentivement, je travaille avec lui, mais j'aime beaucoup l'idée que je ne contrôle pas tout», dit-elle en entrevue téléphonique avec La Presse.

Janet Echelman a étudié la peinture. Elle dit continuer de peindre avec des «pigments physiques». Plutôt que les coucher sur la toile, elle tisse et coud des aquarelles soumises aux conditions météorologiques.

«La nature m'inspire beaucoup, dit-elle. Il me plaît de savoir que ce que je crée m'échappe. Mes sculptures sont des formes ouvertes qui peuvent être perçues différemment selon chaque spectateur.»

Ses pièces monumentales font penser à des méduses géantes colorées. Les mots «douceur», «mouvement perpétuel» ou «sensualité» viennent à l'esprit. Des mots que cautionne l'artiste.

C'est le cas de Montréal 1.26 - inspirée de la 1,26 microseconde perdue en raison de la redistribution de la masse terrestre le jour du séisme chilien en 2010 - qui sera suspendue au-dessus de la place Émilie-Gamelin. Même si cette oeuvre a fait l'objet de présentations dans quatre autres villes auparavant, le cadre montréalais diffère.

«En fait, toutes les villes offrent des particularités qui leur sont propres. La ville est une part importante de mon travail. Donc, Montréal fait partie de l'oeuvre avec ce bel espace public, ses sculptures et les édifices tout autour.»

Le Quartier des spectacles a dû procéder à l'installation de sources d'éclairage et de points d'ancrage spécifiques pour l'immense filet de 80 x 60 x 30 pieds. Illuminée en soirée, Montréal 1.26 semblera littéralement flotter au-dessus de la ville puisque ses attaches sont translucides.

«L'idée est de ramener la nature au centre-ville, dit l'artiste. Cela nous place devant le fait que nous sommes tous interreliés, les humains entre nous, mais aussi avec les éléments et la ville.»

Janet Echelman travaille à deux autres projets simultanément. L'un à Philadelphie avec de la vapeur d'eau - une première pour elle -, l'autre à Boston où un filet de 600 pieds sera étendu entre deux gratte-ciel.

Et quel serait sa cité ou son espace rêvé pour une sculpture?

«Mmm... pourquoi pas un satellite dans l'espace? Le ciel ne serait pas une limite.»

Montréal 1.26 flottera au-dessus de la place Émilie-Gamelin jusqu'au 4 octobre.