Francine Lelièvre, fondatrice et directrice générale du musée montréalais d'histoire et d'archéologie de Pointe-à-Callière, fait partie des lauréats, cette année, du Prix du service méritoire remis par l'Association des musées canadiens (AMC) depuis 2006.

Remise à Francine Lelièvre hier soir lors d'une cérémonie tenue à Toronto, cette récompense souligne sa «contribution exceptionnelle au secteur muséal canadien» depuis 1973 et à Pointe-à-Callière depuis la création du musée, en 1992.

Le président du comité de l'AMC qui a choisi Mme Lelièvre, Gerry Osmond, a précisé à La Presse que l'organisme a voulu reconnaître l'approche «très innovatrice» de Francine Lelièvre. «Elle réinvente en permanence le musée de Pointe-à-Callière, et ce, depuis qu'elle y est impliquée, a-t-il dit. Elle a créé le premier site muséal canadien majeur consacré à l'archéologie et a ensuite établi des partenariats avec des musées du monde entier.»

Comment Mme Lelièvre réagit-elle à cet hommage? «Avec joie et beaucoup de surprise, a-t-elle dit à La Presse. Ce prix est le plus prestigieux au Canada puisqu'il est décerné par des collègues. Il est agréable d'être reconnue pour ce que l'on fait. Et je veux le partager avec tous ceux qui ont permis de réaliser tous nos projets.»

Femme d'influence

Francine Lelièvre dit que son «côté entrepreneur» lui a toujours permis d'innover, notamment avec la création d'un musée d'archéologie à l'architecture contemporaine en plein coeur du Vieux-Montréal. Elle est également fière d'avoir intégré les nouvelles technologies au sein du musée afin de «traiter l'archéologie pas seulement avec des vitrines».

Selon Gerry Osmond, si Mme Lelièvre est réputée au sein du milieu muséal canadien, elle l'est beaucoup moins auprès de la population.«C'est aussi le but de cette récompense, dit-il. Si Francine Lelièvre n'est pas très connue à l'extérieur du Québec, elle mérite de le devenir, compte tenu de tout ce qu'elle a fait pour le milieu muséal.»

Pour Jean-Marc Blais, directeur général du Musée canadien de l'histoire, à Gatineau, qui a fait partie de ceux qui ont suggéré la candidature de Francine Lelièvre, celle-ci a eu une grande influence sur la muséologie au Canada et à l'étranger.

«Un grand nombre de professionnels de l'archéologie estiment que c'est une femme de réputation mondiale, dit-il. Ce qu'elle a fait à Pointe-à-Callière est unique. Plusieurs musées étrangers viennent à Montréal pour s'en inspirer. Mme Lelièvre a encore de gros projets de développement, et ça illustre bien qui elle est.»

Des projets

Mme Lelièvre veut en effet poursuivre le développement de Pointe-à-Callière, avec son projet de Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal, qui mettra en valeur une dizaine de lieux et de bâtiments historiques majeurs de la métropole dans le cadre de son 375e anniversaire, en 2017. L'ouverture récente de la Maison-des-Marins était la première étape de ce projet, qui doublera le nombre de pavillons du musée.

Lauréate de l'Ordre du Canada, chevalier de l'Ordre national du Québec et chevalier de l'Ordre du mérite de France, Francine Lelièvre est aussi à l'origine de la création de l'École de fouilles archéologiques de Pointe-à-Callière, en partenariat avec l'Université de Montréal, dans le but d'accroître les connaissances en archéologie.

Un musée primé plusieurs fois

Le musée Pointe-à-Callière a reçu depuis son ouverture plus de 80 prix, dont 15 internationaux. Parmi les grandes expositions présentées rue de la Commune depuis 1992, on trouve L'archéologie et la Bible - Du roi David aux manuscrits de la mer Morte, Japon, Les Étrusques - Civilisation de l'Italie ancienne et Île de Pâques, le grand voyage.