Dans notre petit monde des arts visuels, la tenue de l'exposition-encan Parle-moi d'amour tient lieu, tous les ans, de trêve quasi olympique. D'ailleurs le thème, cette année, était «jouer et déjouer».

La 16e reprise de l'événement annuel, au profit de l'organisme Les Impatients, a permis de rassembler plus de 300 oeuvres d'artistes professionnels et débutants soumis à un encan silencieux et à une criée, ce soir. Et, bonne nouvelle, l'objectif de 75 000$ est en voie d'être atteint.

«Je vais être franche: je veux le dépasser», lance la présidente d'honneur, cette année, Jo-Ann Kane, conservatrice à la Banque Nationale et membre du C.A. du CALQ.

Les artistes professionnels doivent créer des oeuvres pour l'expo-encan en respectant le thème et les formats prescrits. Elles ont été exposées depuis le 29 janvier avec les travaux de personnes souffrant de problèmes de santé mentale.

«Tout le monde est sur un pied d'égalité, note Mme Kane. Ça demande un bel engagement de la part des artistes pour la cause des maladies mentales. Il y a un Impatient en chacun de nous.»

La preuve, ajoute-t-elle, «il m'est arrivé de me faire prendre au jeu et de me demander de quel artiste il s'agissait alors que c'était une oeuvre d'un Impatient».

Fondés en 1992, Les Impatients viennent en aide aux personnes souffrant de problèmes de santé mentale par l'entremise d'ateliers d'expression artistique.

René Derouin

René Derouin est le premier à reconnaître la nécessité de ce travail de terrain. Né dans l'est de Montréal, il a côtoyé dès l'enfance les «malades» de l'ex-hôpital Saint-Jean-de-Dieu, devenu Louis-H. Lafontaine. «Ça ne m'a jamais effrayé», dit-il.

Invité d'honneur dès la première année de Parle-moi d'amour, il n'a cessé de fournir par la suite des oeuvres qu'il considère importantes.

«Ce que je trouve admirable dans ce que font Les Impatients, c'est leur rapport avec l'artiste, leur respect. Ils se sont donné ainsi une véritable crédibilité.»

Il croit que les artistes fournissent des oeuvres parce ce qu'ils sont très sensibles à la maladie mentale.

Lors de la vente à la criée, présidée par Alain Lacoursière ce soir, les acheteurs pourront mettre la main sur des oeuvres offertes par des collectionneurs: Riopelle, Molinari, Braque, Manet, Alleyn et, surprise de dernière minute, la fraîchement décorée du prix du Gouverneur général Angela Grauerholz.