MU, cofondé par Elizabeth-Ann Doyle et Emmanuelle Hébert, avait réalisé sa première murale dans le quartier Saint-Michel en 2007. Avec les six nouvelles de 2013, l'organisme a atteint le nombre de 50 murales créées à Montréal. Sans compter les 50 projets communautaires menés dans 15 quartiers, une activité moins connue, mais tout aussi importante pour le tissu social.

Elizabeth-Ann Doyle raconte que, parfois, des résidants froncent encore les sourcils en voyant de jeunes artistes monter sur des échafaudages et commencer à peindre le mur près de chez eux.

«Quand on travaille sur des immeubles de l'OMHM [Office municipal d'habitation de Montréal], par exemple, on se fait dire: "Vous feriez mieux de venir peindre nos corridors!", dit la cofondatrice de MU. On leur explique alors qui on est! Finalement, ils parlent un peu avec les artistes, mettent leur chaise à côté du mur et les regardent travailler. Certains leur donnent même à manger ou les invitent à venir faire pipi chez eux s'ils ont envie! Les gens finissent par s'approprier l'oeuvre.»

Avec un bilan de 50 murales en sept ans, MU estime que ces oeuvres monumentales font désormais partie de la réalité montréalaise. Comme à Lyon ou à Philadelphie, les villes qui ont inspiré MU. La population respecte les murales. Il y a eu seulement trois cas de vandalisme en sept ans. Heureusement, car c'est chaque fois très coûteux pour MU puisque l'artiste doit revenir réparer les dégâts.

Repli stratégique

Cette année, MU a inauguré 6 nouvelles murales, comparativement à 10 en 2012 et 12 en 2011. Une baisse de production liée surtout à un changement chez MU. La cofondatrice Emmanuelle Hébert a quitté le bateau pour un emploi à la Ville de Montréal. Du coup. Elizabeth-Ann Doyle s'est attelée à restructurer MU.

«Ç'a été une année de repli stratégique, dit-elle. On a cherché à se consolider. Mais arriver à 50 fresques en sept ans, c'est important pour nous. Sans parler des 50 murales faites dans des centres communautaires, des maisons de jeunes, des camps de jour ou des écoles.»

Car le volet artistique de MU s'accompagne d'un volet social. «Briser les stigmates et l'isolement au sein de l'ensemble des HLM Jeanne-Mance est par exemple une de nos activités, dit Mme Doyle, dont les bureaux se situent au sein de cet ensemble. On crée des liens entre les résidants et entre eux et les Montréalais. Ce site immense est quand même en sandwich entre les deux pôles du Quartier des spectacles. L'art permet d'ouvrir l'endroit vers l'extérieur. L'art a un impact.»

MU a même créé une murale à l'hôpital Sainte-Justine en juin 2013 dans le cadre d'un programme d'ateliers reconduit par l'équipe de la Dre Patricia Garel, du département de psychiatrie. «Nous n'avons pas l'ambition démesurée de faire des murales partout, dit Elizabeth-Ann Doyle. Il faut que cela ait un sens.»