Il y a un an, en rentrant d'un séjour à Marseille, la peintre Julie Trudel avait la tête fourmillante d'idées. Elle vivait la période euphorique qui précède la création, quand un artiste sait exactement ce qu'il veut faire et qu'un vent de liberté l'emporte dans toutes les directions et lui ouvre toutes les voies.

Son projet d'expo pour la maison de la culture Notre-Dame-de-Grâce venait d'être accepté, et il lui restait une année complète pour le cogiter.

Nous voilà un an plus tard. Julie n'a plus qu'un mois pour terminer l'expo, qui commencera le 23 janvier, et tout reste à faire. Viennent de s'inviter chez elle le stress, l'angoisse et les tourments qui tournent autour d'une seule question: vais-je y arriver?

«En ce moment, c'est vraiment le bout le plus rough. Rien ne marche», dit Julie en m'accueillant avec son chandail maculé de peinture, au milieu de l'atelier de la rue Masson qu'elle partage avec quatre autres artistes.

«Quand tu lances un nouveau projet, au début, tout est possible, mais dès que tu passes à l'exécution, alors là, tu capotes, parce que les choses ne vont pas dans le sens que tu l'imaginais. C'est un ballet constant d'essais et d'erreurs.»

À côté de l'établi où s'entassent ses pots de peinture, une douzaine de toiles jugées «scraps» par l'artiste sont appuyées dos au mur comme en pénitence. Deux semaines de travail, en pure perte.

Sur le mur au-dessus, des prototypes où des points en blanc de titane créent un mouvement déstabilisant sur le noir d'ivoire viennent sauver le jeu. Au moins une de ces toiles fera partie de l'expo en janvier. Julie compte profiter du temps des Fêtes pour terminer les autres.

«Heureusement, aux Fêtes, ça travaille super bien, dit Julie. Il n'y a rien d'autre à faire. Tous mes amis artistes voient venir ce moment de l'année en se disant: yeah, on va enfin pouvoir passer toute notre journée à l'atelier.»

Pour certains, les lumières au bout du tunnel sont celles d'un train. Pour les artistes comme Julie, au bout du tunnel, il y a des lumières de Noël qui scintillent de l'autre côté de la fenêtre de l'atelier.