Les Québécois et touristes qui se sont émerveillés devant le Moulin à images au cours des cinq dernières années, et ceux qui n'en ont encore jamais été témoins, pourront en profiter de l'événement pour une dernière fois à l'été 2013.

En début de soirée, lundi, Julie Lemieux, conseillère municipale et responsable des dossiers de la culture et du patrimoine au sein du comité exécutif, a confirmé l'intention du conseil de ville de Québec de ne pas renouveler le contrat de cinq ans qui liait la Ville à la compagnie Ex Machina.

Les projections multimédia qui illuminaient les silos à grain du Vieux-Port de Québec s'éteindront à la fin de l'été.

Le Moulin à images, un spectacle offert gratuitement, avait été inauguré en 2008 lors des festivités entourant le 400e anniversaire de la Vieille-Capitale.

Tout en annonçant que le contenu sera entièrement renouvelé cette année par rapport à l'année dernière, Mme Lemieux s'est limitée à dire qu'il avait été convenu avec Ex Machina que 2013 serait la dernière année de cet événement.

Au passage, elle a fait l'éloge de l'événement qui, selon elle, a laissé une empreinte des plus positives dans la Vieille Capitale.

«On est très content du fait que le Moulin à images a été important pour la ville de Québec, qu'il a fait partie de la signature de la ville de Québec. On est très content de ce qu'on a réalisé avec cet événement, qui a donné un élan pendant le 400e de la ville de Québec, un élan qui s'est poursuivi dans les années qui ont suivi. C'est un événement qu'on a beaucoup aimé et qu'on aime encore beaucoup», a déclaré Mme Lemieux en entrevue avec La Presse Canadienne lundi soir.

Plus tôt lundi, la conseillère indépendante de la Ville de Québec Anne Guérette avait accueilli favorablement la décision de mettre fin au projet du Moulin à images, un événement qu'elle jugeait trop coûteux et dont la facture était refilée aux contribuables.

Selon les informations fournies par Anne Guérette, la facture annuelle de cet unique projet atteignait 4,3 millions $.

Et les retombées financières liées à l'événement ne justifiaient pas son maintien, a-t-elle martelé en entrevue téléphonique, décochant quelques flèches à l'endroit du premier magistrat de Québec.

Car selon la conseillère, Régis Labeaume «s'est entêté» et a préféré dépenser des millions de dollars plutôt que de «perdre la face devant ses citoyens».

«Ça fait déjà un moment qu'on est au courant que les retombées ne sont pas celles que le maire avait espérées», a-t-elle déploré en parlant du Moulin à images, mais également d'un autre spectacle offert gratuitement, celui du Cirque du soleil.

Il faudrait ainsi que l'administration Labeaume mise davantage sur les activités qui génèrent plus de retombées économiques, suggère Mme Guérette.

«On a une quarantaine d'événements qui nous coûtent au total 3 millions de dollars à Québec et qui ont de très bonnes retombées, a-t-elle illustré. Le Carnaval de Québec, par exemple, nous coûte un demi-million de dollars par année et il a des retombées économiques d'une trentaine de millions par année.»

La conseillère Lemieux a rejeté les analyses de Mme Guérette.

«Elle oublie complètement qu'il y a eu des retombées économiques avec le projet du Moulin et aussi du Cirque du soleil», a déclaré Mme Lemieux au sujet de Mme Guérette qui disait, lundi, ne pas avoir sous la main le montant des retombées économiques liées au Moulin à images.

«Ce qu'on a calculé en 2012, de confier Mme Lemieux, c'est qu'il y avait environ 14 millions $ de dépenses touristiques liées directement à la présence du Cirque du soleil à Québec et du Moulin à images. Seulement pour le Moulin, on parle d'autour 7,6 millions $ de dépenses touristiques pour un investissement d'à peu près 4 millions $. Je pense qu'on entre bien dans notre argent.»

«Et ça, ce sont vraiment juste les répercussions qui sont tangibles. Si on pense à quelque chose qu'on ne peut vraiment mesurer mais que l'on sait, c'est au niveau de l'image de la ville de Québec. Je crois que le Moulin à images a donné une signature vraiment forte pour la ville de Québec. Ça nous a permis, avec le Moulin et le Cirque, de faire parler de nous partout sur la planète. Il ne faut pas oublier que le Moulin à images, c'est la plus grande projection architecturale au monde. On a été les premiers à présenter ça, et ça nous a aidés à faire parler de nous partout», a également affirmé Mme Lemieux, sans s'aventurer sur ce que serait «l'après Moulin».

Mme Lemieux a également mis en doute les statistiques liées à l'achalandage l'an dernier.

«Quand on parle de 70 000 personnes, ce ne sont pas des chiffres scientifiques. En 2012, on a fait une étude exhaustive avec SOM et on avait calculé qu'il y avait eu 200 000 spectateurs pour l'été. Là, on parle de 70 000 spectateurs, mais ce sont des chiffres donnés par les firmes de sécurité qui sont sur place, et qui ne sont pas tirés d'études exhaustives et scientifiques.»

La compagnie, dont la direction artistique est assurée par l'homme de théâtre Robert Lepage, n'a pas rappelé La Presse Canadienne lundi.