Créer sur les îles Notre-Dame et Sainte-Hélène un immense musée d'art contemporain à ciel ouvert pour 2017, avec des sculptures provenant des 62 pays qui ont participé à Expo 67, telle est la volonté d'Alain Simard, le président de Spectra, depuis trois ans. Son idée est bien accueillie par la Société du parc Jean-Drapeau mais les coûts sont à la mesure de l'ambition.

Le 375e anniversaire de Montréal coïncidera, en 2017, avec le 50e anniversaire d'Expo 67 et le 150e anniversaire de la confédération canadienne. Cette conjonction de dates historiques est propice, selon Alain Simard, pour marquer un grand coup culturel, de portée internationale: créer à Terre des hommes une exposition permanente d'oeuvres art.

«Ce n'est facile à mettre en place, dit-il. Cela demande un partenariat avec les pays, la Ville, les provinces, les gouvernements mais ça permettrait de donner une nouvelle vocation à Terre des hommes, de doter Montréal d'une attraction touristique majeure et de conforter son statut de métropole culturelle.»

Alain Simard souhaite que les provinces fournissent chacune une oeuvre tout comme les pays. «Il faudrait fournir une bourse identique à chaque pays et que les oeuvres soient constituées de matériaux qui résistent à l'hiver: de l'inox, de l'aluminium, du cèdre ou du béton», dit-il.

Le président de Spectra estime que la sphère du pavillon américain et la sculpture de Calder sont des actifs majeurs. «On viendrait les bonifier avec une centaine d'oeuvres disséminées dans les îles, dit-il. On devrait conserver le parc tel quel, pour qu'il conserve son côté bucolique. La visite pourrait se faire à pied, à vélo, en bateaux voire en ski de fond l'hiver.»

L'idée est accueillie avec enthousiasme par le directeur général de la Société du parc Jean-Drapeau, Daniel Blier. «Ça rejoint les projets de développement qu'on voulait mettre en place, soit les infrastructures et la bonification de l'art public sur notre territoire, dit M. Blier. Ce serait un attrait important pour les Montréalais et pour les visiteurs.»

M. Blier a rencontré en janvier plusieurs consuls étrangers en poste au Québec qui se sont montrés favorable à l'idée d'une contribution de leur pays pour ériger une oeuvre en 2017. «J'ai commencé à parler à deux d'entre eux, dont le consul des États-Unis, et ils sont très favorables.»

L'investissement pour ce projet serait très important. Le marché de l'art n'est pas ce qu'il était il y a 50 ans quand l'oeuvre de Calder avait coûté quelques dizaines de milliers de dollars. Une oeuvre monumentale peut coûter aujourd'hui plusieurs millions.

En partance pour la Biennale internationale du design de Saint-Étienne, Élaine Ayotte, responsable de la culture à la Ville, est favorable au projet. «Tout ce qui peut aider à faire en sorte que Montréal devienne une destination incontournable en art public, moi j'écoute ça avec attention, dit-elle. C'est un projet rassembleur qui mérite d'être analysé car Montréal  est en retard en ce qui a trait à l'art public.»

Mais faut-il investir pour faire de Terre des hommes une île artistique ou doit-on concentrer l'art public sur l'île de Montréal? C'est une des questions que se posent les membres du comité conseil en art public de Montréal. Son président, Alexandre Taillefer, accueille «l'engouement pour l'art public avec enthousiasme». «Dans le cadre de nos travaux, on veut s'assurer de la qualité et de la pertinence des oeuvres qui sont installées à Montréal ou au parc Jean-Drapeau», dit-il.

Gilbert Rozon trouve que le symposium est une «très bonne idée». «La première ministre Pauline Marois souhaite aussi qu'il y ait plus d'art public, dit-il. On va consulter pour voir ce qui est le mieux, de le faire sur les îles ou dans les quartiers de Montréal. Il faut un consensus.»

L'économiste Marcel Côté, qui trouve que l'idée d'Alain Simard est «excellente» mais «compliquée» à réaliser notamment à cause de son coût, souhaite que le Calder soit ramené sur l'île de Montréal s'il demeure aussi mal exposé. À tout le moins, il le verrait bien au bout de la pointe du Havre, dans le prolongement d'Habitat 67. «À moins qu'il soit mis en valeur sur les îles avec une quinzaine de grandes sculptures», dit-il.

Alain Simard pense que son projet favoriserait le tourisme culturel. «Quand il y a eu le 350e de Montréal, j'avais organisé plusieurs des grands événements, dit-il. Quand on voit tout ce qui a été fait pour le 400e de Québec, ça prend quelque chose qui va rester à Montréal pour le 375e.»