Dans sa volonté de présenter des expositions «audacieuses, originales et stimulantes», le Centre des sciences de Montréal (CSM) s'est mis en frais d'expliquer comment la musique suscite des émotions chez l'homme. Et chez la femme aussi, bien sûr.

Pour répondre à cette question, le Centre a fait appel à des scientifiques et à des praticiens de la musique. D'un côté, donc, neuropsychologues, psychomusicologues et autres acousticiens de l'âme; de l'autre, des rockers comme Simple Plan, quintette de l'Ouest-de-l'Île mondialement connu, et un superpédagogue du nom de Jean-François Rivet, professeur titulaire à la faculté de musique et directeur artistique de l'Orchestre de l'Université de Montréal.

«Plus vieille que l'écriture, la musique était peut-être même là avant le langage», a dit Jean-François Rivet, lundi, à l'ouverture de l'exposition Musik - Du son à l'émotion, présentée au CSM, dans le Vieux-Port, jusqu'au 10 mars 2013. Autre façon de dire que la musique vit très bien sans les mots, comme on s'en rend compte dans le parcours de Musik, divisé en sept zones: l'écoute, les émotions, les rythmes, les mélodies et les harmonies, les instruments et la voix, le partage et, à la fin, la zone Simple Plan où, par plusieurs centaines d'artéfacts, les fans et les autres peuvent revivre les 10 ans de carrière de ces anciens du collège Beaubois (comme notre éminent collègue Marc Cassivi, en passant).

À l'entrée, le visiteur se voit remettre un baladeur numérique à écran tactile qui lui permettra d'écouter les musiques et les sons, de même que les explications des experts qui, tout savants qu'ils soient, parlent pour être compris. Reste que Musik n'a pas été conçue pour les enfants; cette expo, souligne M. Rivet, «va plus profond que [l'exposition] Star Wars».

Le même baladeur - il faut bien s'en faire expliquer le fonctionnement - sert aussi à enregistrer la composition que le visiteur engagé voudra élaborer au fil des étapes, guidé en cela par les musiciens de Simple Plan. Un conseil de maestro Rivet aux compositeurs en herbe: assurez-vous de bien comprendre le contenu de chaque zone avant d'enregistrer la partie musicale qui s'y rapporte, rythme, mélodie et accompagnement.

Les curieux non-compositeurs pourront, pour leur part, se concentrer sur les musiques que propose l'exposition, chacune d'elle étant «un délicat dosage entre l'art, la science et les émotions», comme le dit Carol Pauzé, directrice de la programmation du Centre des sciences, dont la dernière expo «interactive», Sexe: l'expo qui dit tout, a connu un succès phénoménal.

Musik aussi fait dans l'émotion... Voyez comment, en Occident, une musique jouée en mode majeur évoque joie et allégresse, tandis que le mode mineur, associé à un rythme lent, peut attirer les larmes. Comment, après être passé dans l'oreille - du marteau à l'enclume à l'étrier -, un son peut faire entrer en action la dopamine, un neurotransmetteur associé au plaisir.

Comment, finalement, au-delà de toutes ces considérations savantes, certains génies ont réduit la composition musicale à des recettes d'une extrême simplicité. Comme Mozart qui disait: «Je mets ensemble les notes qui s'aiment»...

Photo: Martin Chamberland, La Presse