Transformer Montréal en galerie d'art à ciel ouvert, c'est ce que s'emploie à faire Philippe Mastrocola. Ses toiles? Les murs de la ville. L'artiste de 26 ans peint ici et là, souvent par-dessus des graffitis. Ses oeuvres se démarquent par leurs couleurs éclatantes, par leurs mouvements longs et fluides. «Je fais de l'abstrait total. Il n'y a personne à Montréal qui fait des murales abstraites comme ça», explique fièrement le jeune homme.
Mais ne peint pas sur un mur qui veut. «Avoir une surface, ce n'est pas facile. C'est très compétitif à Montréal, il y a beaucoup de muralistes talentueux», poursuit-il. Car, contrairement aux graffiteurs, les muralistes ne peignent pas sans l'autorisation du propriétaire de la surface convoitée. D'autant plus que ce sont des oeuvres qui exigent du temps. Philippe Mastrocola met généralement deux jours à réaliser une murale.
Démocratiser l'art
C'est l'organisme MU qui lui a donné sa première chance en lui permettant l'an dernier de peindre une fresque murale dans une ruelle verte du quartier Rosemont, à Montréal. MU promeut et soutient l'art public dans une optique de développement social et de démocratisation de l'art. L'organisme à but non lucratif s'inspire du Mural Arts Project de la ville de Philadelphie.
Philippe Mastrocola adhère pleinement à cette philosophie. Il aime penser que ses oeuvres sont vues par des gens qui ne fréquentent pas les galeries d'art. «Quand ils marchent dans la rue, ils ne s'attendent pas à ça. Voir une murale ultracolorée, peut-être que ça les fait sourire, que ça leur remonte le moral.»
Depuis un an, Philippe Mastrocola a peint plusieurs fresques. Et elles ne sont pas passées inaperçues. Séduite, la propriétaire d'un immeuble de l'avenue Coloniale, sur le Plateau-Mont-Royal, lui a demandé de peindre un de ses murs barbouillé par des vandales.
Le jeune peintre ne vit pas de son art, mais il en rêve. Son souhait? Une carrière internationale... mais pas avant d'avoir peint la première fresque murale abstraite de Saint-Léonard, le quartier de son enfance.