Pendant longtemps, au siècle dernier, la bière Dow se vendait plus au Québec que ses concurrentes Molson et O'Keefe réunies. Établie dans Griffintown en 1818, la brasserie Dow est devenue, au fil des décennies, un foyer d'innovation sur le plan des affaires, brassicole et commercial, se hissant aux premiers rangs de l'industrie montréalaise avec quelque 1000 employés et 60 édifices réunis autour de l'intersection Notre-Dame et Peel.

Présentée dans l'ancienne tour de brassage de Dow, édifice patrimonial magnifiquement rénové sous les soins de l'École de technologie supérieure (etsingo.ca), l'exposition permanente Dites donc Dow! - L'histoire d'une brasserie d'ici est la première activité du volet culturel du Quartier de l'Innovation. Initiative de l'ÉTS à laquelle s'est jointe l'Université McGill, le QI veut revitaliser Griffintown en conjuguant les dimensions industrielles, de formation, urbaine, sociale et culturelle.

Produite par l'ÉTS, l'expo a été réalisée par Pointe-à-Callière (PAC), le Musée d'archéologie et d'histoire de Montréal.

«Nous avons voulu montrer en parallèle l'évolution du quartier et celle de la brasserie», explique Valérie Morin, chargée de projet de PAC, que les contraintes d'espace ont forcée à des choix difficiles, tant les collections de la Ville de Montréal que celle de Pierre Guillot-Hurtubise, grand collectionneur d'objets Dow.

«L'ÉTS m'offre la chance unique de montrer une partie de ma collection au public», dit fièrement M. Guillot-Hurtubise, fils de collectionneuse (de bijoux anciens) et partenaire principal chez Octane, une firme de relations publiques.

Image de marque

Outre les objets de base - bouteilles, bouchons, décapsuleurs, chopes et verres promotionnels Dow -, on peut voir des publicités très avant-gardistes comme celle où «la belle Dow» explique les règlements du tennis dans une pub de journal des années 30, alors que Dow était déjà engagée dans la promotion sportive. Ici, en noir et blanc, un match de lutte décrit par Michel Normandin où il est peut-être question de «la prise du petit paquet»; là, une rondelle Dow commémorant le 500e but de Maurice Richard.

Dans le temps, en promotion et marketing, Dow innovait et les autres suivaient.

Une exposition portant sur la célèbre brasserie serait incomplète sans le rappel des tristes événements de 1965, à Québec, où une vingtaine de gros buveurs (de Dow) ont succombé à une maladie cardiaque inconnue jusque-là. La preuve de la responsabilité de la brasserie n'a jamais été établie, mais «la bière qui tue» n'a jamais pu se remettre du choc et, après avoir été la bière underground des années 80, la marque a été retirée du marché qu'elle avait longtemps dominé.

L'expo Dites donc Dow! plaira tant aux férus d'histoire qu'aux anciens buveurs de «grosse Dah tablette».

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Dites donc Dow! L'histoire d'une brasserie d'ici. Exposition permanente présentée dans l'édifice Ingo, 355, rue Peel. Entrée gratuite.