L'artiste américain Cy Twombly, 83 ans, l'un des grands peintres abstraits du XXème siècle, est mort mardi dans un hôpital de Rome, a annoncé à l'AFP le directeur de la collection Lambert en Avignon (Sud de la France), Eric Mézil.

Hospitalisé il y a quelques jours, le peintre, qui vivait en Italie, souffrait depuis plusieurs années d'un cancer, selon M. Mézil.

Une exposition consacrée à ses photographies venait de s'ouvrir à la mi-juin dans les locaux de la collection d'Yvon Lambert, qui fut son premier galeriste en Europe.

«C'était un tel roc», disait mardi soir Eric Mézil qui le connaissait depuis 20 ans et avait pris un billet de train pour aller le voir la semaine prochaine. Il lui avait rendu visite en mai encore : «Oui il allait bien, comme un vieux monsieur».

Il était aussi prévu que Cy Twombly, qui n'aimait pas les interviews, vienne en Avignon en septembre pour y voir l'exposition, intitulée «Le temps retrouvé, Cy Twombly photographe et artistes invités», dont il était co-commissaire avec M. Mézil.

Ami de Jasper Johns et Robert Rauschenberg, artiste américain parmi les plus reconnus de sa génération, Cy Twombly, installé en Italie depuis plus de 50 ans, vivait à Gaeta, ville côtière entre Rome et Naples.

«Il souhaite être enterré à Rome, ville qu'il chérit depuis 50 ans», a précisé à l'AFP M. Mézil.

Edwin Parker Twombly, surnommé Cy par son père, est né en 1928 à Lexington (Virginie). Il passera notamment par le célèbre Black Mountain College (Caroline du Nord), pépinière de l'avant-garde new-yorkaise, avant de s'installer en Italie, où il épouse en 1959 l'Italienne Tatiana Franchetti.

Célèbre pour ses graffitis, qui laissent transparaître la force du geste, il avait acquis une renommée mondiale et, en 1994, le MoMA de New York avait organisé une rétrospective de ses peintures, dont les prix s'envolent.

Toujours secret, l'homme a acquis une vraie reconnaissance en Europe, en France notamment où il a réalisé l'an dernier pour le Louvre un immense plafond d'un bleu méditerranéen bordé de cercles colorés, surplombant des bronzes grecs et romains rassemblés dans une des ailes les plus anciennes du musée.

En 2007, lors d'une exposition à Avignon où le peintre était venu montrer ses toiles «pivoines», une visiteuse avait posé ses lèvres sur un des tableaux, laissant une marque de rouge.

La cour d'appel de Nîmes avait condamné l'auteur de la dégradation, Rindy Sam, à payer 18.840 euros à la collection Lambert, au titre des frais de restauration de la toile.

Mardi soir, le ministre français de la Culture Frédéric Mitterrand a salué cet artiste «ni figuratif, ni abstrait. Seulement génial».

«Aussi bien dans sa peinture, ses dessins que sa sculpture, Cy Twombly s'est constamment tenu à l'écart des grandes oppositions qui auront agité la scène artistique du XXe siècle. Il n'était d'aucune chapelle. Moderne, mais étranger à tout discours de rupture avec la tradition», a estimé le ministre dans un communiqué.

Cy Twombly «était non seulement un immense artiste mais aussi un homme merveilleux», a déclaré à l'AFP Marie-Laure Bernadac, chargée de l'art contemporain au musée du Louvre. Mme Bernadac met en avant «la discrétion, la distinction, la culture, la légèreté de ce grand peintre».

«On perd quelqu'un d'immense, un artiste à part et singulier qui a très vite été adopté par l'Europe alors que les Etats-Unis ont mis plus de temps» pour reconnaître son travail, déclare Mme Bernadac.

«C'était un peintre qui se nourrissait de poésie. Il était imprégné de culture méditerranéenne», relève-t-elle.