Malgré la perte de l'appui financier de Québec et d'Ottawa, le troisième Art souterrain prend de l'ampleur: 6 km de tunnels et d'espaces du sous-sol montréalais accueilleront cette année 108 oeuvres de 125 artistes.

Le premier Art souterrain avait disposé des oeuvres sur 2,8 km de couloirs, de salles et d'espaces de la ville souterraine. L'an dernier, le réseau s'étendait sur 4 km. Cette année, s'ajoutent la gare centrale, le complexe Desjardins et la Tour de la Bourse aux lieux précédents. «On essaie de créer un réseau bien soudé avec des administrateurs qui s'ouvrent à l'art dans des endroits très insolites pour eux», dit Frédéric Loury, fondateur d'Art souterrain et propriétaire de la galerie SAS.

Guidées par des étudiants en histoire de l'art, des visites gratuites seront organisées deux fois par jour (une en anglais, une en français) pour découvrir l'exposition. «Une application iPhone sera lancée pour mettre à la disposition des gens des outils et des informations sur les oeuvres, dit M. Loury. Un audioguide sera également disponible.»

Un pique-nique aura lieu le 9 mars, activité «champêtre» payante qui permettra aux participants de parler art et de passer un bon moment avec les oeuvres. Environ 60% des artistes présents ont été invités à participer. Les autres sont passés par un processus de candidature.

L'artiste Patrick Bérubé, qui a fait sensation l'an dernier avec sa pelle mécanique, est de retour. Le photographe Pascal Grandmaison participera aussi à l'événement de même qu'Isabelle Hayeur. Le commissaire de l'exposition souhaitait l'an dernier que l'art puisse demeurer plus longtemps en sous-sol. Son souhait s'est réalisé. La Place Ville-Marie va dorénavant programmer quatre expos par an.

«On met de l'avant des projets interactifs car on veut inciter les gens à participer, dit M. Loury. Dès le 22 février, on pourra trouver Place Ville-Marie Photomaton, une installation d'écrans, dont un est interactif, réalisée par Stéphanie Leduc. L'oeuvre sera sur place pendant trois mois. La Place des Arts nous sollicite aussi pour mettre du contenu dans son nouvel espace d'exposition. Et la STM aussi.»

Avec une assistance de 120 000 personnes en 2010, Art souterrain pourrait accueillir 150 000 personnes cette année. Une étude de HEC Montréal est en cours pour savoir qui s'intéresse à Art souterrain afin de mieux connaître l'impact de l'événement.

Art souterrain a fait un déficit de 7000$ en 2010. C'est peu, dit Frédéric Loury, mais il y a lieu de s'inquiéter puisque ni le Conseil des arts du Canada ni le Conseil des arts et des lettres du Québec n'a consenti le moindre sou cette année.

«Nous sommes tous bénévoles, dit Frédéric Loury. Heureusement, le privé, notamment la Banque Scotia, Quebecor, 3 M et Corlab, nous aident. Mais malgré le prix reçu en 2010 de la part de Destination centre-ville, la Ville de Montréal n'a pas augmenté son aide de 10 000$. On est énormément déçus du peu d'appui financier des fonds publics.»

L'organisme ArtsScène Montréal travaille conjointement avec Art souterrain pour amener des professionnels de 20 à 40 ans à s'intéresser à l'art contemporain. «C'est d'autant plus important qu'ils soutiennent l'art quand on voit que les pouvoirs publics le délaissent», dit Julie Arsenault, fondatrice d'ArtsScène Montréal.

Art souterrain, du 26 février au 13 mars, ville souterraine de Montréal.