Du Greco à Dalí, les grands maîtres espagnols, de la collection Pérez Simón, est présentée en grande première au Musée national des beaux-arts du Québec, dans la Vieille capitale. L'exposition est une occasion unique de parcourir 500 ans d'art espagnol grâce à 72 oeuvres prêtées par le collectionneur mexicain Juan Antonio Pérez Simón.

L'exposition de ces bijoux de l'art espagnol nous fait pénétrer de façon unique dans le royaume de maîtres anciens comme Greco, Murillo ou Goya et modernes tels que Picasso, Dalí ou Miró. Il n'existe pas, en effet, de grande collection d'art hispanique au Canada. On doit cette initiative au Musée de Québec et à la bienveillance du collectionneur mexicain d'origine espagnole Juan Antonio Pérez Simón.

Homme d'affaires fortuné, M. Pérez Simón a constitué petit à petit, sur une quarantaine d'années, sa collection de grands maîtres du monde entier. Il avait déjà présenté, en 2007, 57 oeuvres de la collection avec l'exposition De Cranach à Monet. On lui avait suggéré de présenter, dans une future exposition, quelques-unes des oeuvres d'art espagnol qu'il possédait. Certaines se trouvent au Mexique, d'autres dans sa ville natale, Oviedo, ou ont été prêtées à des musées, notamment aux États-Unis.

L'exposition, qui peut se visiter avec un audioguide, permet un beau survol des différents styles de l'art espagnol au fil des siècles. La première salle est consacrée à la peinture religieuse. On peut y admirer des toiles datant en majorité des XVIe et XVIIe siècles.

La tête de Christ, du Greco (vers 1600), est une petite huile réalisée sur papier, puis collée sur un panneau de bois. Il s'agit de la seule miniature connue du Greco, exposée pour la première fois au public. L'image de ce Christ les yeux pleins d'eau ressemble au Jésus de la grande toile L'Expolio ou Partage de la tunique du Christ (1579) exposée dans la cathédrale de Tolède, en Espagne.

Tout aussi splendide, la peinture choisie pour la couverture du catalogue de l'exposition représente saint Jérôme, un des pères de l'Église qui a consacré plusieurs années de sa vie à traduire la Bible en latin, à la demande du pape Damase 1er. Le Saint Jérôme de Jusepe de Ribera (1648) use du clair-obscur des peintures religieuses, ce qui donne de la force au message. Vêtu d'un drap, saint Jérôme est en méditation et regarde vers le Très-Haut.

OEuvre caractéristique de Bartolomé Esteban Murillo, L'Immaculée Conception (vers 1670-1675) exposée à Québec est «l'une des meilleures» du peintre sévillan, selon Véronique Gerard-Powell, maître de conférences en histoire de l'art moderne à la Sorbonne et auteure du catalogue de l'exposition.

Portraits

Deuxième thème de l'exposition, «Portraits d'un siècle à l'autre» propose une douzaine de tableaux de cour allant du XVIe au XIXe siècles, avec des portraits de Charles Quint (par Alonso Sánchez Coello à la fin du XVIe), Philippe II en cotte de mailles (par Juan Pantoja de la Cruz vers 1606) ou encore le Portrait de femme exécuté par Julio Romero de Torres vers 1925-1930.

Peint à Madrid en 1837, Petite fille jouant du tambour, d'Antonio María Esquivel y Suárez de Urbina, montre la grande finesse de ce peintre romantique au détaillisme pictural inspiré de Murillo.

Ensuite, le thème des fêtes royales et populaires de l'Espagne permet d'admirer tranquillement des scènes de la vie ibérique au fil des siècles, notamment deux tableaux de l'École madrilène: Fête de taureaux sur la Plaza Mayor de Madrid (1650) et Proclamation de Charles III sur la Plaza Mayor de Madrid (entre 1750 et 1800).

Modernité

Le quatrième thème est celui de la lumière, de l'eau et du vent, exprimé dans une peinture moderne plus sociale et influencée par la photographie. Il y a notamment un superbe tableau de Laureano Barrau Buñol, Retour des pêcheurs (1909), et une série de 10 tableaux de Joaquín Sorolla, avec des scènes de plage et de port, notamment dans sa ville natale de Valencia.

L'exposition s'achève avec les maîtres de la modernité que sont notamment Dalí, Miró et Picasso. Six oeuvres de Picasso sont exposées dont Françoise dans un fauteuil (1949), un tableau présentant une certaine idée de la mère de Paloma Picasso, Françoise Gilot, quelques semaines avant qu'elle n'accouche du quatrième et dernier enfant du peintre.

Entre les deux salles de l'exposition trône la grande statue de bronze de Salvador Dalí Venus de Milo aux tiroirs, réalisée en 1964. De Dalí, on peut aussi admirer en particulier L'ascension du Christ (1958), avec cette fascination du peintre de Figueras pour la mise en scène tridimensionnelle et cette vue inédite (par dessous) d'un Jésus les bras ouverts, en ascension vers l'atome, et que contemple une Vierge en larmes qui a les traits de Gala, la muse de Dalí pendant plus de 50 ans.

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Du Greco à Dalí: les grands maîtres espagnols, de la collection Pérez Simón. Jusqu'au 9 janvier.

Viva España!

En complément à l'exposition Du Greco à Dalí, le MNBAQ a eu l'idée de créer Viva España! , qui comprend des activités culturelles de toutes sortes: conférences sur l'Espagne, la peinture et l'architecture espagnoles données par des experts universitaires, spectacle de flamenco et de canto gitano, documentaires sur Picasso, Goya et Dalí et dégustation de vins espagnols et de tapas. Pour informations: www.mnba.qc.ca