La Fondation Beyeler rend un hommage appuyé à l'éphémère peintre américain Jean-Michel Basquiat, décédé en 1988 à seulement 27 ans d'une surdose de drogue, en exposant une centaine d'oeuvres du «tagueur haïtien de Manhattan».

«Je ne sais pas, je ne sais vraiment pas comment décrire mon oeuvre, parce que ce n'est jamais la même chose», avait l'habitude de dire Basquiat, qui a touché à travers son travail à des sujets aussi variés que la musique, le racisme et l'injustice sociale.

Fauché par la drogue, Basquiat, qui avait commencé à se faire connaître en taguant les murs de Manhattan en 1977 sous la signature SAMO (Same Old Shit), aura connu une carrière brève mais flamboyante.

Né à Brooklyn en 1960, ce fils d'un père haïtien et d'une mère portoricaine aura eu le temps de créer une oeuvre inspirée des rues new-yorkaises, fortement influencée par Picasso et l'art africain.

Pour rendre hommage à cet artiste hors du commun, la Fondation Beyeler à Bâle a inauguré, en collaboration avec le Musée d'Art moderne de Paris, la plus grande rétrospective consacrée à Basquiat en exposant plus de 100 oeuvres de ce dernier.

À New York, les amis de Basquiat avaient rapidement découvert qu'aucune surface ne pouvait résister au jeune artiste, qui avait pris l'habitude de recouvrir leurs meubles et même des réfrigérateurs de ses dessins.

Basquiat a rapidement élargi son cercle d'amis, comptant parmi eux des noms aussi illustres que l'artiste pop américain Andy Warhol. Il aurait également eu une brève liaison avec la chanteuse Madonna.

«Il marchait juste entre ses oeuvres qui étaient posées à même le sol. Il était très cool», se rappelle un de ses amis, le rappeur Fab 5 Freddy. Parfois, Basquiat «tenait son pinceau assez librement. Il le laissait glisser sur le papier», se souvient-il, lors de la présentation de l'exposition au siège de la Fondation à Bâle.

Le résultat de l'oeuvre de cet artiste contemporain est une collection éclectique et colorée, composée notamment d'une peinture du boxeur Mohammed Ali tandis qu'une autre représente deux personnages bleus emportant un canapé.

Mais Basquiat a également réalisé des collages, sur lesquels il a appliqué des slogans gribouillés sur des bouts de papier recouverts de peinture.

S'attaquant à une multitude de sujets, l'artiste s'est également inspiré du répertoire de l'enfance en représentant des personnages de bande dessinée comme Félix le chat ou le canard Daffy Duck.

Dans une de ses oeuvres les plus connues, Basquiat a illustré un personnage chevauchant un squelette, préfigurant sa mort par overdose.

«Quand vous regardez (une oeuvre de Basquiat), elle comporte tellement de savoir, d'éléments modernes», a expliqué le directeur de l'exposition Dieter Buchhart.

Basquiat, lui, aimait dire: «Je commence avec une peinture et je la termine. Je ne pense pas à l'art quand je travaille. J'essaie de penser à la vie».

L'exposition à la Fondation Beyeler dure jusqu'au 5 septembre, après quoi elle sera exposée au Musée d'Art moderne de Paris du 15 octobre au 30 janvier 2011.