Le silence, espèce en voie de disparition, est au coeur de l'exposition Atmosphères présentée à la galerie Pangée.

Si le silence était une oeuvre d'art, à quoi ressemblerait-il?

La réponse tient presque de la science-fiction, si l'on en juge par la dizaine d'oeuvres réunies par Lara Pan pour l'exposition Atmosphères, présentée jusqu'au 19 avril à la galerie Pangée dans le Vieux-Montréal. Car la plupart évoquent la conquête des étoiles, que ce soit le néant d'une planète inhabitée, le bruit blanc du cosmos ou la technologie des satellites.

«Il faut parfois aller loin pour trouver le silence», explique la commissaire, jointe à New York. «Or, pour moi, le silence absolu, c'est le cosmos...»

 

Alors que le bruit gruge progressivement nos vies, Atmosphères pourrait être vue comme une prise de position. Un message. Ce n'est pas le cas, souligne Mme Pan, tout en admettant que l'intention était peut-être inconsciente. «J'ai simplement essayé d'imaginer ce qu'un astronaute aurait dans la tête en flottant dans l'espace. Puis j'ai choisi les oeuvres en conséquence.»

Ces oeuvres sont celles de l'artiste grecque Maria Antelman, avec ses films de la NASA recyclés (Moonlight Serenade). De l'Italien Luca Pozzi avec ses «planètes» en apesanteur au-dessus d'un champ magnétique (Background Inside Platform). Du Montréalais Michael Flomen avec ses photogrammes insolites et ses paysages de neige lunaires (Starfield). Ou encore du Mexicain Vargas-Suarez Universal, avec ses trois immenses portraits de satellites faits à même le matériau thermal servant à les recouvrir (Solar Array Vectors, El Dorado II)

Au centre de ce programme spatial international, trône l'obélisque du Belge Michael Aerts (Misala 2009), installation constituée de caissons à armatures de métal ordinairement destinés à l'équipement de technique de son - ou si vous préférez, des bons vieux cases de tournée.

Cette oeuvre surprenante, qui peut s'emboîter comme des poupées russes, étonne par sa forme inusitée et son message paradoxal, où le silence monolithique de 2001 Odyssée de l'espace est évoqué avec du «stock de son».

Ironique

Mme Pan en convient: il y a quelque chose d'ironique à vouloir traduire l'absence de son en images.

C'était là, dit-elle, tout le défi de cette Atmosphères au titre inspiré d'une chanson de Joy Division, dont l'idée a germé en 2009 pendant la Biennale des arts de la performance à New York. Performance pour performance, la commissaire invite d'ailleurs les visiteurs à parcourir l'exposition en silence, une façon comme une autre de dialoguer avec les oeuvres... qui ne sont d'ailleurs pas toutes silencieuses!

«Mais je n'impose rien, dit-elle. C'est une proposition...»

Atmosphères, jusqu'au 19 avril à la galerie Pangée (40, rue Saint-Paul Ouest).