Le peintre anglais JMW Turner, considéré comme un précurseur de l'impressionnisme, est célébré par la Tate Britain à Londres, qui expose à partir de mercredi quelques-uns de ses tableaux aux côtés de ceux des grands maîtres européens dont il s'est inspiré.

L'exposition Turner and the Masters juxtapose des oeuvres de Turner (1775-1851) et d'une trentaine de grands noms, dont Canaletto, Le Titien, Poussin, Rembrandt, Rubens, Véronèse, ou Watteau, qu'il a parfois adaptés, toujours avec l'ambition de les surpasser.

Symbole du romantisme anglais ayant su se créer une esthétique propre basée sur les reflets de lumières, Turner a régulièrement rendu hommage aux peintres qui l'ont précédé. Mais ces hommages ont toujours été critiques et l'ont conduit à réinterpréter ces influences.

Turner and The Masters montre «comment un artiste apprend son art, comment il s'insère dans la tradition», «comment un artiste ambitieux regarde (...) vers des prédécesseurs qu'il admire et commence à construire sur ce qu'ils ont réussi», estime David Solkin, commissaire de l'exposition.

La Tate Britain a obtenu le prêt rarissime, par le Louvre, de L'Hiver - Le Déluge de Nicolas Poussin. Turner, qui en aime les couleurs mais en déplore le manque d'intensité dramatique, peindra en 1804 son propre Déluge.

Avec Le Titien ou Véronèse, «la ressemblance tient aux couleurs», constate David Solkin. Le peintre français Claude Le Lorrain est une autre grande source d'inspiration de Turner.

Turner n'empruntait pas seulement à ses devanciers, il savait aussi puiser chez ses contemporains. Pour la première fois depuis 1832 sont réunis dans une même salle L'Inauguration du Pont de Waterloo de John Constable et Helvoetsluys de Turner.

Quelques heures avant cette exposition de 1832 à la Royal Academy de Londres, Turner avait ajouté une touche de rouge vif au milieu de son tableau aux tons pastels, qui rendait par comparaison terne le vermillon de la toile de son rival.

L'exposition est ouverte à Londres jusqu'au 31 janvier 2010. Elle sera ensuite présentée au Grand Palais à Paris du 22 février au 23 mai, et au musée du Prado à Madrid, du 22 juin au 19 septembre.