La combinaison spatiale était l'une des trois conçues pour Eugene Cernan, le dernier homme à aller sur la Lune, en décembre 1972. Mais Doug Fisher l'a retrouvée au fond d'une boîte en carton, abandonnée quelque part dans un coin.

Doug Fisher explore depuis environ un an les vastes entrepôts et recoins du Centre spatial Kennedy de Cap Canaveral (Floride), où il s'occupe du musée et des expositions pour le grand public. Et la combinaison de Gene Cernan n'est pas sa seule trouvaille.

M. Fisher a recensé au total quelque 2000 objets liés aux missions Apollo, reliques mis au rebut au fil des années par la NASA. Une petite partie de ces «Trésors d'Apollo» est actuellement exposée à Cap Canaveral, à l'occasion du 40e anniversaire des premiers pas de Neil Armstrong sur la Lune.

Longtemps, l'agence spatiale américaine ne s'est préoccupée que de ses missions, l'archivage et la préservation des différents équipements ne constituant pas sa priorité. Des bandes vidéo originales de la mission Apollo 11 ont été ainsi égarées et la NASA a conclu, après trois ans de recherches infructueuses, qu'elles avaient été probablement effacées.

A la NASA, «quand quelque chose arrivait au bout de son utilité, elle avait tendance à disparaître des écrans radars», résume Doug Fisher. Les choses ont changé et la NASA a désormais ouvert un grand hangar pour le rangement des objets qui contribuent à raconter l'histoire spatiale américaine.

Doug Fisher a par exemple mis la main sur un journal de bord d'Apollo 7 (octobre 1968) portant des annotations manuscrites de l'équipage, Don Eisele, Walter Shirra et Walter Cunningham. Les trois hommes, dont la mission principale était de tester les capacités du module de commande, remarquaient «qu'alunir avec Apollo est un CRASH»...

Parmi les objets exposés figurent des moules utilisés pour fabriquer les gants des combinaisons pressurisées qui protégeaient les astronautes du vide, du froid et de la chaleur, divers conteneurs pour le transport des échantillons de roches lunaires, une caméra vidéo, un kit de réparation des combinaisons et une carte plastifiée récapitulant diverses instructions, du ramassage des roches lunaires à la façon de planter le drapeau américain sur le sol lunaire...

La plus grande pièce exposée, la capsule Apollo 14 (1971), a été prêtée par le Musée national de l'Air et de l'Espace à Washington, ainsi que quatre prototypes de combinaison -dont une RX2 en aluminium, aux allures d'armure médiévale, pesant près de 40 kilos.

Doug Fisher, une semaine avant l'ouverture de l'exposition, a encore trouvé une combinaison, traînant cette fois sur un local obscur. Une reproduction, lui a-t-on dit. Mais le faisceau de la lampe torche a révélé les reflets argentés typiques d'une combinaison authentique. Un bandeau identifiait son propriétaire: «N. Armstrong». «On pense que c'est une combinaison de secours. Elle a été en quelque sorte abandonnée là», conclut Doug Fisher.