Avant, le choix était plus simple. On parle du temps des Noëls blancs, quand le père Noël n'avait pas encore l'internet haute vitesse et que le Plan Nord était l'affaire du P'tit renne au nez rouge. En ces temps pas encore si lointains, l'offre musicale du temps des Fêtes se résumait ici à Casse-Noisette et au Messie de Händel.

Montréal a développé une relation bien spéciale avec le ballet féerique de Tchaïkovski depuis que Fernand Nault a signé pour les Grands Ballets canadiens une adaptation chorégraphique du conte d'Hoffmann. Depuis 1964, plus de 2 millions de spectateurs ont vu « Casse », présenté cette année encore deux fois par jour à la salle Wilfrid-Pelletier (jusqu'au 30 décembre).

Le Montréalais Fernand Nault s'est fait plus tard connaître à travers le monde avec ses chorégraphies de Carmina Burana, présenté par les GBC durant Expo 67, et de Tommy, l'opéra rock du groupe britannique The Who (1970). Fernand Nault - de son vrai nom Fernand-Noël Boissonneault - est mort à Montréal le 26 décembre 2006, la veille de son 86e anniversaire, quelques heures avant la représentation d'après-midi de « son » Casse-Noisette.

Le Messie, le célèbre oratorio de Georg Friedrich Händel, reste le classique des classiques du temps des Fêtes même si, à l'origine, cette oeuvre pour solistes, choeur et orchestre a été composée pour Pâques. À Montréal, le top, c'était Le Messie avec l'OSM à la basilique Notre-Dame, présenté pour la première fois en 1958 et 46 fois depuis, les deux dernières (2011 et 2014) à la Maison symphonique. Le concert de 2010, à Notre-Dame avec Kent Nagano au pupitre, a fait l'objet d'un DVD réalisé par Radio-Canada (avec la graphie Handel sur la pochette).

Une question reste toutefois totale et entière : faut-il se lever pour le spectaculaire Halleluiah ! à la fin de la deuxième partie, comme l'avait fait le roi George II lors de la création de Messiah en 1742 ?

Qu'en est-il, 275 ans plus tard, des spectacles des Fêtes à Montréal ? Bien sûr, différents ensembles présentent toujours Le Messie ou l'Oratorio de Noël de Bach (l'OSM encore, la semaine dernière) et il n'y a pas une chorale ou un choeur qui ne donne son récital de Noël.

UNE FIN D'ANNÉE QUI FAIT POP

Du côté, disons, plus profane, des tendances se dessinent même si le siècle est encore jeune pour parler de classiques... Ainsi, le Party des Fêtes à (Éric) Lapointe, présenté sans interruption de 2004 à 2010, est encore à l'affiche du Métropolis, le 31 décembre prochain. Quand le « p'tit beu » du rock québécois est dedans, il peut vous faire entrer dans la nouvelle année pas mal décoiffé...

Le même soir, le spectacle extérieur du Vieux-Port, gratuit, en sera à sa quatrième édition, avec Coeur de pirate, Dumas, Bernard Adamus et Yann Perreau. On ne parle pas encore des grands rassemblements de Times Square, mais voilà une belle « signature » pour la ville nordique qu'est Montréal. Succès assuré si le dansant est au rendez-vous, surtout s'il fait « 23 en bas »...

Le 31 décembre, soirée entre « amis » dans la tradition québécoise alors que Noël est plus « famille », c'est aussi les grandes soirées smoking-bulles, comme celle du Rialto de l'avenue du Parc qui présente cette année la troupe Motown Mania et Paul Chacra et son 1945 Orchestra. Et tout le monde rentre en taxi... Rouvert cet automne, le Cabaret du Casino marque aussi le coup avec Martine St-Clair chante Noël dont les deux dernières de 12 représentations ont lieu demain et mercredi. Une soirée thématique qui est là pour rester, au Casino.

Les Fêtes sont aussi temps de partage et certains spectacles sont présentés au bénéfice d'oeuvres caritatives. Andy Kim (Sugar, Sugar ; Rock Me Gently) a présenté samedi dernier son deuxième Andy Kim Christmas, au profit de l'Hôpital de Montréal pour enfants ; sont montés sur la scène du Corona pour l'occasion : Michel Pagliaro, Martha Wainwright, Ron Sexsmith, Sam Roberts et d'autres. Andy Kim, Montréalais d'origine, offre un spectacle de même nature à Toronto depuis 12 ans.

Pour nous toutefois, et au risque de nous répéter, LE show du temps des Fêtes reste les Noël Nights de Rufus et Martha Wainwright qu'on a vus il y a deux semaines à la Maison symphonique.

Familiales, chaleureuses, ces soirées au profit du Fonds Kate McGarrigle (pour la recherche sur le cancer) dont on sort le coeur rempli... et même un peu débordant.

SALUER 2015 EN SPECTACLE

Finalement, on remonte un peu plus loin dans la tradition avec les revues de fin d'année, centrées sur l'humour, certes, mais où la musique est toujours présente. La revue Salut 2015 ! Cabaret politique et bouffonneries des Cycliques, à La Vitrola jusqu'à mercredi, en est à sa neuvième année tandis que 2015 revue et corrigée, au Théâtre du Rideau Vert, sera le 12e spectacle du genre.

Et le succès ne se dément pas : salle comble du 29 novembre au 9 janvier ! Les Québécois adorent ces spectacles qui « passent au cash » les têtes de Turc de l'année écoulée : artistes, politiciens et autres matricules médiatisés. À son arrivée au TRV en 2005, Denise Filiatrault, championne du genre, a relancé les revues de l'année comme celles qu'avait montées Yvette Brind'Amour au même endroit entre 1960 et 1966.

C'était avant les Bye Bye... Dans ce temps-là, Richard Verreau était le maître du Minuit, chrétiens, .08 était une simple fraction, pas plus dangereuse qu'une autre, et les lutins du père Noël ne parlaient pas de se syndiquer...

PHOTO BENOIT ROUSSEAU, FOURNIE PAR SPECTRA

Les Noël Nights de Martha et Rufus Wainwright ont eu lieu au début du mois de décembre.