Éric Morin écrit son second long métrage, Julie Trudel lance son exposition à Montréal, Xavier Huard relève le défi d'écrire un court métrage pour La Presse, Kim Despatis obtient un rôle dans un théâtre d'été,Daniel Clarke Bouchard troque le piano contre le bâton de hockey, Sarah Bourdon met la touche finale à son album et Jimmy Gonzalez (absent de la photo) est à l'affiche d'un spectacle-événement à New York. Nos journalistes ont pris des nouvelles des sept artistes de la relève qu'ils suivent pendant un an et nous racontent leur mois de février.

L'album à l'automne plutôt qu'au printemps

Importante décision pour Sarah Bourdon: son étiquette Audiogram et elle ont convenu de sortir son album à l'automne plutôt qu'au printemps.

Mathieu Houde, directeur artistique d'Audiogram, et elle se sont rendus à l'évidence: une sortie au printemps aurait été précipitée.

«On va avoir le temps de mieux préparer la mise en marché, explique Sarah. On veut avoir la chance de faire jouer un premier extrait à la radio et de tourner un clip.»

Le premier extrait s'intitulera Figure de style. Une chanson sur les gens qui se sentent supérieurs aux autres à cause de leur apparence et de leur statut social. Un type de personnalité bien présent dans le milieu artistique. «Pour le clip, je vois des gens au look trendy débouler les marches et se faire entarter. Il y a de l'humour dans la chanson.»

Une sortie printanière donnait seulement deux mois à Sarah pour faire décoller le projet dont elle rêve depuis des années. «Le report de la sortie à l'automne va me laisser le temps de penser aux photos et à la pochette. C'est difficile, car je change beaucoup d'idées», explique-t-elle. Ce délai va également permettre à Sarah de prendre du recul par rapport à son album. L'auteure-compositrice-interprète se réjouit de renouer avec le théâtre, qu'elle a étudié au cégep, grâce au rôle qu'elle a obtenu dans Les Troyennes, qui sera présentée au festival Fringe en juin. «J'ai un rôle d'actrice, de chanteuse et de danseuse. Je suis contente, car le théâtre me manquait.»

Sarah n'en revient pas comme le temps passe vite. Il y a un an, elle montait sur la scène de La Tulipe pour la première du spectacle de Yann Perreau, qu'elle accompagne sur scène en plus d'assurer sa première partie.

La tournée est repassée par Montréal, récemment, au Théâtre Outremont. «Le spectacle a vraiment levé. C'était l'un de nos meilleurs. Jouer à Montréal, c'est toujours plus stressant, car tes amis, des collègues et des gens de l'industrie sont dans la salle. Aussi bien m'habituer», dit Sarah en riant.

- Émilie Côté

Jouer malgré la douleur

À l'origine, le concert des Mélodînes devait avoir lieu dans la petite salle Claude-Léveillée, mais, comme il affichait complet depuis longtemps, Daniel s'est plutôt produit devant près de 300 personnes au Piano Nobile, le hall ensoleillé de la salle Wilfrid-Pelletier.

La directrice artistique de Pro Musica, Louise-Andrée Paré, a annoncé au public que le concert avait failli être annulé mais que Daniel tenait à respecter son engagement même si ça lui faisait très mal. «Je voulais être là, c'était prévu depuis des mois et c'était un mes concerts les plus importants de l'année, donc je ne pouvais pas annuler ça juste à cause de ma main», nous a-t-il expliqué plus tard.

La veille de son concert du 20 février dans le cadre de la série Les Mélodînes de Pro Musica, Daniel Clarke Bouchard a eu un accident tout bête. Pendant un examen à son école de Notre-Dame-de-Grâce, Daniel a échappé son stylo et, au moment où il se penchait pour le ramasser, un élève lui a marché sur le bras droit.

Vers 12h15, Daniel est donc arrivé tout sourire et il a lancé un «wow!» qui venait du coeur à la vue des rangées de spectateurs qui l'attendaient. Malheureusement, il n'a pu jouer que quatre pièces tellement son bras enflé - et bandé - le faisait souffrir.

Avant de prendre congé, il a remercié le public en souhaitant qu'il revienne pour son prochain concert quand il serait «en meilleure forme». Il est revenu saluer, mais Mme Paré a expliqué que la souffrance l'empêchait de continuer. Des spectateurs ont crié «on comprend» et «bravo!».

En début de semaine, Daniel se portait mieux mais n'était toujours pas en état de donner un concert complet. N'empêche, comme il l'a déjà fait en toute spontanéité en d'autres occasions, il a accepté à notre demande de prodiguer quelques conseils à une jeune pianiste dans une salle du conservatoire.

Par la suite, il nous a parlé de la tournée québécoise Scènes d'enfants, du nom de son premier album, qu'il va effectuer en mai et en juin. Tournée dont les détails seront dévoilés sous peu.

Dans ses cartons, il y a également un concert à Saint-Lambert le 31 mai ainsi que le concert-prestige du Concours international de musique de Montréal, le 2 juin à la Maison symphonique, dont il sera la vedette et auquel participera également son ami et mentor Oliver Jones.

- Alain De Repentigny

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Daniel Clarke Bouchard

Un autre rôle à la télévision!

La chance continue de sourire à Xavier Huard. Après avoir décroché son premier rôle à la télé dans Nouvelle adresse, qui devrait être présenté à Radio-Canada en septembre prochain, le comédien vient d'obtenir un rôle dans L'Auberge du chien noir.

Ainsi, à l'automne, Xavier Huard jouera dans deux émissions. «Je pense que je ne le réalise pas encore!» lance-t-il avec un immense sourire.

Cerise sur le gâteau, il n'a pas eu à auditionner pour décrocher ce rôle. «C'est incroyable! Ça ne fait même pas une année que je suis sorti de l'École nationale de théâtre et puis on me donne un rôle. C'est un gros cadeau.»

Bien sûr, le comédien de 23 ans est conscient que tout le travail reste à faire. «C'est un signe qu'ils ont confiance en mon potentiel. En même temps, je n'ai rien gagné. C'est maintenant que j'ai la chance de leur prouver que je peux travailler bien.»

Il a déjà reçu le scénario de quelques épisodes qu'il tournera en avril. «Je suis bien content, car ce n'est pas un rôle de jeune premier. C'est un personnage très intéressant.»

La Presse a rencontré Xavier Huard à la salle Pauline-Julien, où il présentait le conte Gros Paul, d'Anne-Marie Olivier. Le comédien partage la scène avec les musiciens Allan Sutton, Nicolas Lessard et Flavie Gagnon.

«C'est un peu un show rock pour enfants, mais avec de la musique classique», explique-t-il.

«C'était quand même tout un défi, car je dois vraiment jouer avec les musiciens. Mon texte est comme une partition. J'ai même suivi des cours de solfège pour arriver à faire ça.»

Ce conte, dans lequel le comédien incarne plusieurs personnages, raconte l'histoire d'un garçon qui mange tout. «Des maisons, la statue de la Liberté, les pyramides d'Égypte... C'est une manière de parler aux jeunes de surconsommation.»

Avec le spectacle Gros Paul, la troupe continuera de se produire en province jusqu'à la mi-mars. Un contrat que Xavier Huard est très heureux d'avoir décroché, puisqu'il lui permet de ne pas chômer.

Il sait qu'il est privilégié de ne pas avoir besoin d'un deuxième emploi pour boucler ses fins de mois.

- Véronique Lauzon

PHOTO MATHIEU WADDELL, LA PRESSE

Xavier Huard

Partir pour mieux rebondir

Neuf semaines déjà que l'artiste de cirque montréalais Jimmy Gonzalez joue dans le cabaret Queen of the Night, au Diamond Horseshoe de l'hôtel Paramount, à New York. Depuis sa première apparition dans le célèbre club des années 30, la veille du jour de l'An, le jongleur est de plus en plus à l'aise dans son rôle d'entertainer.

«Tous les jours, c'est une improvisation, nous a-t-il confié. Des fois, ça va vraiment bien, tu connectes avec une personne à fond, puis il y a des soirs où t'essaies quelque chose et les gens ne sont pas très réceptifs. Alors, on essaie autre chose ou on se tourne vers quelqu'un d'autre...»

Rappelons que ce spectacle, dans lequel on retrouve une quinzaine d'artistes de cirque des 7 doigts de la main, revisite les rapports entre les artistes et les spectateurs. Avant et pendant la représentation, les 200 invités sont pris à partie par une quarantaine d'artistes qui tentent de créer des liens avec eux.

«On revoit les rapports sociaux entre le spectateur et l'artiste. Au lieu de faire du cirque sur une scène, on essaie de faire du cirque dans un petit espace pour un petit groupe, et parfois pour une seule personne. Les gens se sentent privilégiés, il y a un rapport qui se crée avec l'artiste. Le spectateur, lui, ne sait pas ce qui va arriver.»

Ce petit jeu avec les spectateurs peut donner lieu à des situations... inhabituelles.

«On joue avec les gens et on les taquine. On essaie de les surprendre par toutes sortes de manières. Pendant le repas, une fois, il y a une femme qui cherchait la toilette, je l'ai emmenée jusque-là, et pendant qu'elle faisait pipi, je faisais un numéro de balle rebond, tout en lui racontant une histoire... Ça peut aller jusque-là.»

Sa copine, Érika Nguyen, spécialiste du cerceau aérien, fait également partie du spectacle. Est-ce qu'ils se racontent toutes les expériences qu'ils vivent au Diamond Horseshoe? «Oui, répond Jimmy Gonzalez, sans hésiter. Parfois, on vit des situations bizarres, mais on se fait confiance.»

L'après-Queen of the Night

Jimmy Gonzalez songe déjà à l'après-Queen of the Night, qui se terminera pour lui au mois de mai. Avec sa compagnie Et des hommes et des femmes, Jimmy Gonzalez veut faire tourner son spectacle Croisé.

Mis en scène par Johanne Madore, ce spectacle sera présenté en France en juin, à Toulouse et à Elbeuf.

«Croisé, c'est un peu ça qui me fait réaliser pourquoi je fais du cirque et de l'art. Ça fait du bien d'avoir sa propre compagnie et de faire des projets par nous-mêmes. C'est l'fun de travailler pour les autres, on apprend beaucoup de choses. Mais j'ai hâte de jouer dans des pièces qu'on a conçues nous-mêmes.»

La pièce, au confluent de la danse et du cirque, a été jouée l'été dernier au festival Montréal complètement cirque. L'objectif de Jimmy Gonzalez est de faire une tournée avec Croisé avant de créer un autre spectacle.

Une nouvelle aventure, qui s'annonce à la fois exaltante et incertaine.

- Jean Siag

Photo Martin Chamberland, La Presse

Jimmy Gonzalez

Une cabane au Canada pour l'art

Les deux expos de Julie Trudel, à Notre-Dame-de-Grâce et à Gatineau, se terminent dans deux semaines. Pour un artiste, la fin d'une expo, c'est souvent le retour à la toile blanche, pour ne pas dire le retour à la case départ. Mais Julie Trudel, en organisatrice hors pair de sa propre vie, avait prévu le coup.

Sitôt ses toiles décrochées, sa case départ se muera en billet d'avion pour Calgary, puis en navette qui la conduira au Centre des arts de Banff, où elle passera les sept prochaines semaines en résidence dans une authentique cabane en bois.

Comme une demi-douzaine d'autres artistes du Québec, Julie a gagné une bourse de résidence à Banff offerte par le Conseil des arts et des lettres du Québec. Les heureux élus pouvaient choisir le moment qui leur convenait le mieux pour leur séjour. Julie a choisi la mi-mars comme Luce Meunier, une peintre dont elle adore le travail.

À partir du 17 mars, les deux filles vont donc se retrouver chacune dans sa cabane au fond des bois avec une vue imprenable sur les Rocheuses et les biches du coin. En tout, le Leighton Artists' Colony compte neuf cabanes individuelles ouvertes aux artistes de toutes les disciplines. Les artistes créent dans leurs cabanes, mais dorment et mangent dans un hôtel qui fait partie de ce complexe voué à l'inspiration des créateurs, mais aussi à leur confort.

Veinarde de Julie. D'ici trois semaines, elle n'aura rien d'autre à faire de ses journées que de jouer dans la peinture, d'expérimenter avec les pigments et les matériaux et de peindre sa vie et son avenir, en somme. Inutile de dire que Julie a très hâte de partir et moi, d'avoir de ses nouvelles, une fois qu'elle sera installée dans sa cabane au Canada.

- Nathalie Petrowski

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Julie Trudel 

Le mois de l'impro

Tandis que la ville entière regardait le match du Super Bowl à la télévision, le 2 février dernier, un groupe de jeunes amateurs de théâtre a bravé le froid (et sacrifié les ailes de poulet !) pour se réfugier au cabaret le Lion d'or. Ils assistaient à un match de la saison régulière de la Ligue d'improvisation montréalaise (LIM).

La Presse y était aussi, afin de voir la comédienne Kim Despatis à l'oeuvre, avec la troupe des Oranges.

La Ligue d'improvisation montréalaise est une troupe de la relève de la scène théâtrale montréalaise qui se réunit chaque dimanche soir. Sa mission ? Réinventer le genre très populaire, en s'inspirant de l'expérimentation théâtrale.

La LIM se distingue des autres formations en improvisation par « son approche créative », la présence de musiciens en direct, un maître de cérémonie, l'absence de pointage, d'arbitre et de compétition. De plus, il n'y a aucune punition attribuée aux joueurs ni vote du public.

Kim partage la scène avec les Mathieu Lepage, Nicolas Michon, Frédéric Barbusci et Florence Longpré, pour une soirée d'improvisation sur le thème de l'identité raciale et culturelle à travers les siècles.

« Comme la LIM n'est pas axée sur la compétition entre deux équipes qui s'affrontent, c'est le côté créatif qui prédomine, explique la comédienne. Au lieu de l'arbitre, c'est un maître de jeu (ce soir-là, Mathieu Bouillon) qui décide des thèmes de la soirée et qui donne des indications de temps et de situation. »

Robert Gravel, cofondateur de la LNI et maître du genre, aimait dire que l'ultime utopie théâtrale, c'est l'impro. C'est aussi un acte de créativité brute pour des acteurs. « La LIM propose des pistes conceptuelles afin d'orienter les deux troupes de cinq comédiens qui improvisent ensemble sur la scène, ajoute l'actrice. C'est un espace ludique d'une grande liberté ! »

Le prochain match de Kim Despatis se tiendra le 9 mars, à 20 h, au Lion d'or, alors que sa troupe des Oranges jouera avec les Verts de Simon Rousseau.

Ce soir, dans le cadre de la Nuit blanche du Festival Montréal en lumière, la LIM propose une « chaude nuit haïtienne ».

Info : citronlim.com

- Luc Boulanger

Photo Martin Chamberland, La Presse

Kim Despatis

Amitiés

Ils se sont rencontrés à l'école secondaire à Rouyn, dans les années 80. Philippe B, 100 livres mouillé, portait un t-shirt des Dead Kennedys. «Il était en secondaire 3, se rappelle Éric Morin. Du haut de mon secondaire 5, je lui ai demandé s'il savait ce qu'il portait. On a fini par discuter de Jello Biafra.»

Ils sont amis depuis, et ont même formé leur propre groupe rock, Gwenwed, dans les années 90. La semaine dernière, ils ont tourné ensemble un reportage pour le site web de Télé-Québec dans le cadre de la série Les ambassadeurs, où un artiste en présente un autre de sa région d'origine.

Philippe B a décidé de mettre en lumière la galerie d'art contemporain L'Écart, dont le coordonnateur est le Matthieu du duo musical Geneviève et Matthieu. «Ce sont des acteurs importants de la scène culturelle abitibienne, très impliqués dans l'art visuel, que je connais aussi depuis le secondaire», dit Éric Morin de ses amis, qui ont un petit rôle dans son premier long métrage de fiction, Chasse au Godard d'Abbittibbi, présenté ces jours-ci aux Rendez-vous du cinéma québécois.

Morin a profité du passage de Philippe B à Rouyn pour travailler sur la trame sonore de son prochain film, Gold, campé dans le milieu musical. «On est en train de créer les chansons d'un groupe qui n'existe pas. C'est un drôle de processus. D'habitude, la musique arrive à la fin. C'est une étape de plus qui nous a rapprochés dans notre démarche artistique. Comme si on se partait un nouveau band!»

Les choses se bousculent, même si le projet n'en est qu'à ses balbutiements. Le réalisateur a même reçu des propositions de musiciens qui veulent jouer dans son prochain film. «Un film que je n'ai pas encore écrit! J'aime ça. Ça me met de la pression!»

- Marc Cassivi

PHOTO ULYSSE LEMERISE, COLLABORATION SPÉCIALE LA PRESSE

Eric Morin