Qu'est-ce qui a fait basculer Anakin Skywalker du côté sombre de la Force? Son fils, Luke, était-il prédestiné à suivre ses traces? La trame entière des six films de Star Wars tient en ces deux questions. Star Wars identités les décortique dans une exposition interactive qui mêle sciences et jeu de rôles.

Le Centre des sciences a fait accourir les foules l'an dernier avec une exposition basée sur l'univers du célèbre archéologue Indiana Jones. L'institution du Vieux-Port risque d'être à nouveau très fréquentée dans les prochains mois. Ses nouveaux invités sont plus mythiques encore: Darth Vader, Luke Skywalker, Yoda et une foule d'autres bons et méchants qui peuplent l'épopée cinématographique Star Wars.

La firme X3, qui avait monté l'exposition présentée l'été dernier, a aussi été chargée de Star Wars identités. Le consortium montréalais a pour ainsi dire gagné le gros lot en remportant ces deux appels d'offres lancés parallèlement par Lucasfilm, entreprise du scénariste, réalisateur et producteur George Lucas, à qui l'on doit bien sûr les séries Star Wars et Indiana Jones ainsi que les films American Graffiti et THX 1138.

Au fil du temps, plusieurs expositions ont exploré l'univers de Star Wars: sous l'angle de la robotique, des moyens de transport, des costumes ou encore ses liens avec la mythologie. X3 a pourtant trouvé une porte d'entrée originale: la firme se sert en effet des personnages et de l'univers de Star Wars pour explorer la construction de l'identité.

«L'exposition soulève beaucoup de questions plutôt que d'y répondre», précise d'entrée de jeu Geneviève Angio-Morneau, l'une des conceptrices de Star Wars identités. Qu'est-ce qui relève de notre biologie? De notre héritage familial? De l'influence du groupe? Qu'en est-il des choix qu'on fait?

«Quand on regarde les films dans cette perspective, on trouve un peu partout des éléments de la construction de l'identité», assure la muséologue. Fort juste. Il s'agit même d'un enjeu capital: Luke Skywalker doit affronter son destin, selon Yoda, mais a-t-il vraiment une prise sur son devenir alors qu'il partage le bagage génétique de Darth Vader, le mal incarné?

Parcours interactif

Le propos semble complexe, mais l'équipe qui a conçu l'exposition le décline sous la forme d'un jeu de rôles. Star Wars identités propose au visiteur, qui a reçu un bracelet électronique à l'entrée, de choisir l'espèce à laquelle il appartient parmi celles qui existent dans la galaxie de George Lucas. Humain? Wookie? Ewok?

«La beauté de la chose, c'est qu'on ouvre la porte: les gens peuvent répondre en fonction de ce qu'ils sont ou faire preuve de fantaisie», souligne Geneviève Angio-Morneau. Tout le long de l'exposition, le visiteur est invité à répondre à des questions qui le concernent, lui ou le personnage qu'il s'invente. À la fin, en compilant ses réponses, une borne électronique lui confère une «identité Star Wars».

«Les visiteurs pourront devenir Luke ou Anakin, ils vont faire leurs choix, comme ces deux personnages, et au cours du processus, ils vont apprendre à leur sujet», se réjouit Laela French, directrice de la collection de Lucasfilm.

Geneviève Angio-Morneau précise que l'exposition aurait pu être plus pointue et tenter de cerner la personnalité de chacun des visiteurs, mais, de concert avec le comité scientifique du Centre des sciences, il a été établi que la proposition devait garder un caractère ludique. «On n'a pas la légitimité pour poser des diagnostics», dit-elle.

L'un des derniers gestes qu'accomplit le visiteur avant de recevoir son «identité», c'est de choisir d'aller vers la lumière ou vers le côté sombre de la Force. Ce n'est pas innocent, confirme la muséologue: «Il était important pour nous de souligner que, comme dans la vie, on a toujours le choix.»

Quels rôles jouent-ils?



Anakin Skywalker

Originaire de Tatooine, planète où a aussi été élevé Luke, Anakin Skywalker est un enfant esclave lorsque Qui-Gon Jinn découvre qu'il a le potentiel de devenir un Jedi extrêmement puissant. «Anakin est notre personnage principal, celui qu'on suit à toutes les étapes de sa vie», explique Geneviève Angio-Morneau, conceptrice de Star Wars identités. C'est notre fil conducteur. Luke est un fil conducteur secondaire, mais on le place au même niveau parce qu'on voulait faire des parallèles entre les trajectoires de ces deux héros, le père et le fils.» La comparaison de ces deux parcours doit mettre en relief l'importance de l'entourage, de nos valeurs et de nos choix dans la construction de notre identité.

Illustration Kevin Massé, La Presse

R2-D2 et C-3 po

La robotique n'est pas une composante importante de l'exposition du Centre des sciences. Or, la présence des deux droïdes les plus sympathiques de la galaxie permet de soulever la question de l'espèce. «D'un point de vue identitaire, quelle est la différence entre un robot et un être humain? En tant qu'être humain, on a la possibilité de faire des choix, de décider de son destin. On n'est pas programmé. Les robots sont conçus par quelqu'un et programmés pour quelque chose. Ce qui est intéressant, dans l'univers de George Lucas, c'est qu'il change la nature de ses robots puisque certains robots, dont R2-D2 et C-3 po, sont dotés de libre arbitre», fait remarquer Geneviève Angio-Morneau. Du sens de l'humour, même!



Illustration Kevin Massé, La Presse

Chewbacca

L'incontournable et attachant Chewbacca est exposé auprès de Leïa et d'autres membres de l'Alliance rebelle qui combat l'Empire. «Il illustre l'importance des amis dans le fondement de l'identité. Il a aussi droit à une section spéciale qui racontera son évolution en tant que personnage. À l'origine, il n'était pas un Wookie, mais un chien. George Lucas avait un gros chien poilu et il voulait faire allusion à cet animal qu'on dit le meilleur ami de l'homme. Chewbacca a donc été pensé comme un chien avant de devenir un Wookie et a été conçu pour être le meilleur ami, le fidèle allié de Han Solo.»



Illustration Kevin Massé, La Presse

Yoda

Grand maître du Conseil des Jedi, Yoda est un genre de moine bouddhiste d'une espèce inconnue. Plus porté sur la méditation que sur l'action, il a formé des Jedi pendant des siècles avant l'arrivée de son dernier élève, Luke Skywalker, dont il tentera d'apaiser le tempérament vif et trop émotif. «Yoda, c'est vraiment la figure mythique du mentor et il met en valeur le rôle que ces modèles jouent dans la vie d'un individu, souligne la conceptrice. Il apparaît aussi dans le thème des valeurs, pour parler notamment de celles que défendent les chevaliers Jedi.»



Illustration Kevin Massé, La Presse

Darth Vader

L'énigme qui englobe Star Wars tient en deux questions: comment Anakin Skywalker est-il devenu Darth Vader? Luke suivra-t-il ses traces? L'imposant seigneur noir - un être mi-homme mi-machine - est le clou de l'exposition présentée au Centre des sciences. Devant lui, les visiteurs sont placés devant un choix crucial: rejoindre ou non le côté sombre de la Force. Geneviève Angio-Morneau précise qu'il était capital pour les créateurs de Star Wars identités de mettre l'accent sur le pouvoir que nous avons sur notre destinée, sur les valeurs auxquelles nous adhérons et qui régissent notre vie. Anakin et Luke Skywalker ont choisi des camps différents. Et vous?

Du 19 avril au 16 septembre 2012 au Centre des sciences de Montréal



Illustration Kevin Massé, La Presse