Rééditer du folklore, c'est bien. Mais le faire bien, c'est mieux. Et ce n'est malheureusement pas le cas des trois compilations récemment lancées par les Disques Mérite, qui manquent cruellement de valeurs ajoutées.

Prenez le Party des Fêtes chez la Famille Soucy. Ce double CD ressuscite l'un des clans les plus célèbres du folklore québécois, qui a connu son heure de gloire dans les années 50 et 60. On y retrouve les pièces les plus festives d'un groupe particulièrement rigolard, qui prônait le gros fun (On va t'y n'avoir du plaisir) et la boisson (Prendre un verre de bière mon minou) sur des airs de gigue et de chansons à répondre qui sentaient bon le caribou, la corde de bois et la ceinture fléchée. Malheureusement, c'est tout ce qu'il y a à se mettre sous la dent. Aucun livret, aucune info, aucun historique. Appellez-ça une formule économique, nous on trouve que ça fait «pic pic».

Plus varié, 50 grands folkloristes propose un survol de la scène traditionnelle canadienne-française des années 50 à 70. De Tommy Duschesne à Ti-Jean Carignan, en passant par La Bolduc, La Poune et Monsieur Pointu, la brochette ratisse large. Hélas! Ce double CD nous arrive lui aussi complètement «ch'nu». Qui sont ces gens? Qu'ont-ils fait? Quelle est leur histoire? Cet impardonnable «oubli» ne fait qu'accentuer l'opportunisme de cette opération plus mercantile qu'ethnologique.

Moins bâclée, la collection Les Troubadours du western a le mérite d'offrir un livret. Rien d'extensif, mais au moins, il y a le minimum. C'était la moindre des choses pour des artistes aussi reconnus que Willie Lamothe, Marcel Martel, Lévis Boulianne, Paul Brunelle, Soldat Lebrun et autres pionniers du country québécois. Étrange idée, cela dit, d'avoir d'intégré des chanteurs américains dans le lot (Hank Williams, Gene Autry, Johnny Cash...). L'idée, louable, était de replacer nos cow-boys chantants dans une perspective plus large. Mais elle met aussi en relief les limites musicales de nos «westeurnes» qui étaient loin d'être aussi sophistiqués que leurs modèles américains.

Merci pour la leçon d'histoire, mais on aurait pu en faire plus. Beaucoup plus. C'est ce qu'on appelle tourner les coins ronds, poil au rigodon...