La 14e Conférence internationale des arts de la scène, CINARS, s'est terminée samedi dernier à Montréal dans une ambiance combative. Rendez-vous mondial des créateurs, programmeurs et diffuseurs du spectacle vivant (musique, théâtre, danse), l'événement a donné lieu à de franches discussions sur la diffusion des créations à l'heure de la crise économique mondiale et des compressions de l'aide gouvernementale. Des solutions? Serrons les dents et encourageons les collaborations entre nations.

La Conférence, qui se tient à Montréal tous les deux ans, s'inscrit dans le circuit des grandes foires mondiales des arts de la scène destinées aux professionnels. Des dizaines de spectacles sont annoncés à l'attention spéciale des programmateurs, qui se mêlent aux simples spectateurs. La salle d'exposition de la CINARS regroupe plus de 200 sociétés de production. Pendant quelques jours, des alliances se forment, des invitations se distribuent, des ententes se prennent, on s'intéresse aux productions d'ailleurs, pour s'inspirer ou pour enrichir l'offre faite aux amateurs des arts de la scène.

Cette année, 1083 d'entre eux, en provenance d'une quarantaine de pays différents, ont convergé vers le centre-ville et ses salles de spectacle - sensiblement le même nombre de participants qu'en 2008. «À notre très grande surprise», souligne d'ailleurs le président-directeur Alain Paré, un signe de l'importance d'un tel rendez-vous pour le spectacle vivant.

«Les précédentes années, CINARS connaissait des hausses de 10 ou 15 % de son affluence, alors que cette année est demeurée stable, indique-t-il. Dans les circonstances économiques actuelles, on ressent cette année l'effet des compressions. C'est le retour d'ascenseur» de mesures prises par les subventionnaires depuis deux ou trois ans, observe le directeur de CINARS.

«Sur le plan artistique, les gens ont été satisfaits, a résumé Alain Paré le dernier jour de la CINARS. Sur les plans économique et politique, on ressent le doute et l'insécurité auprès de nos partenaires, européens surtout; la situation ne semble pas être la même chez nos partenaires asiatiques, comme la Corée du Sud ou la Chine. Ils ont des moyens à leur disposition pour faire venir des artistes étrangers. Les pays nordiques, comme la Finlande et la Suède, se maintiennent aussi. Ils dépensent beaucoup d'argent pour faire voir leurs artistes.»

Financement

Malgré la qualité des propositions artistiques dévoilées pendant la Conférence, la question du financement n'était jamais bien loin dans les pensées des participants. Le volet ateliers-conférences de la CINARS, qui a occupé deux journées complètes à l'hôtel Le Reine Elizabeth, s'est incidemment penché sur le problème lors d'un atelier baptisé L'Allemagne, la France et le Royaume-Uni à l'heure des compressions budgétaires.

En 2008, le gouvernement canadien a aboli deux importants programmes destinés à l'aide à la diffusion internationale. CINARS a récemment dévoilé les résultats d'une étude sur les impacts de cette décision: plus de 175 tournées internationales annulées, des pertes de revenus de 15 millions de dollars...

Alors, quand on se compare, on se console ou on se désole? Ça dépend à qui on parle.

«Nous sommes encore ébranlés par les récentes coupes», concède Andrew Jones, du British Council, bureau chargé de favoriser l'exportation des artistes britanniques. Le gouvernement britannique a imposé lui aussi d'importantes compressions: «Ça demandera beaucoup d'imagination aux organismes et sociétés de production touchées pour pallier ces coupes, des mesures qui leur laissent quand même croire qu'elles ont évité le pire. Depuis des mois, on évoquait des coupes de 40 % du budget; alors, quand finalement on ne s'en fait enlever que 25 %...»

La France compose aussi avec ses propres restrictions quant au financement de la culture, alors que l'organisme d'exportation Culture France, financé par les ministères des Affaires étrangères, de la Culture et de la Communication, accuse une coupe de 20 %, conséquence de la crise. L'Allemagne? Elle résiste, nous disent ses représentants.

Comment composer avec la conjoncture? Selon la Française Nathalie Vimeux, de l'Office national de diffusion artistique (ONDA), «il faut défendre, auprès des autorités, l'importance des échanges internationaux et leurs retombées économiques» et «mettre l'accent sur la coopération internationale» à tous les niveaux de la création, production et diffusion. Ce que les représentants allemands ont repris en traduisant par «réseautage, pour simplifier les échanges, mais aussi pour assurer la qualité des propositions artistiques».