Pour son quatrième one man show, François Léveillée a choisi l'éclectisme. Celui qui a commencé sa carrière comme auteur-compositeur-interprète propose un mélange d'humour social, de gags légers et de divertissement musical pour parler entre autres des régions du Québec, de l'intégration des immigrants, des Tanguy ou de la communication dans les vieux couples.

Malheureusement, les observations ne sont pas toujours fines, ni toujours drôles. Précisons tout de suite qu'à en juger par les rires entendus mercredi soir à la première au Gesù, plusieurs ne partagent sûrement pas notre avis. Mais on persiste à croire que certains gags auraient mieux passé à 2h du matin dans un bar que sur scène dans un spectacle rodé.

La soirée a commencé par un sympathique volet familial. Léveillée laisse sa fille Sarah (premier prix Cégeps en spectacle 2008) réchauffer la foule avec trois de ses chansons. Il lui succède ensuite dans son spectacle qu'il a mis en scène avec son autre fille, Emma.

Léveillée est accompagné sur scène du guitariste Nicolas Guimont (aussi scénographe) et du contrebassiste Jean-François Valade. Leur musique sert d'interlude et de pont entre les numéros de ce qui reste essentiellement un spectacle d'humour (écrit par Léveillée avec Pierre Fiola et Jean-Christian Thibodeau).

Il commence par un numéro traitant des GPS, puis des nouveaux arrivants. Léveillée simulera une conversation avec un douanier. L'échange donne lieu à quelques bons gags, notamment ceux sur des personnages politiques, et aussi à une ingénieuse succession de malentendus linguistiques. Ces meilleurs moments sont toutefois gâtés par quelques caricatures tracées un peu trop à gros traits, comme l'imitation de Dé-si-wé, l'immigrant haïtien.

Quelques autres gags semblent avoir été écrits sur le pilote automatique. Par exemple, ceux qui souffrent du syndrome Piment fort - cette manie de taper sur les mêmes cibles faciles, Denise Bombardier et Anne-Marie Losique - et d'autres très prévisibles, comme lorsqu'il descend dans la foule pour taquiner des spectateurs.

Léveillée est à son meilleur dans les numéros aigres-doux, comme lorsqu'il parle des sentiments partagés que vivent les parents au départ d'un enfant devenu grand.

Comme d'habitude, il incarne aussi des personnages: l'animateur de pastorale Aimé D'Amour, son populaire Bob Cashflow, et un directeur d'école complètement ivre.

Ce dernier personnage lui sert de véhicule pour commenter l'intégration des enfants d'immigrés. Ce n'est pas mémorable. «À place des oreilles de Christ, on va manger quoi, de la barbe de prophète?» se demande-t-il au sujet des «accommodements» dans les cabanes à sucre.

On ne sait pas trop s'il veut rire de notre intolérance, de notre trop grande tolérance ou tout simplement s'il veut déconner. Il semble que ce soit la deuxième option, à en juger par son communiqué qui parle de l'«époque où on troque crucifix contre kirpan» dans les écoles.

Léveillée a beaucoup de métier. On s'en rend compte par sa grande aisance sur scène. Sa plume peut être agile, comme en témoignent ses jeux de mots un peu tordus. Mais son humour à gros traits ne sert pas les thèmes choisis.

FRANÇOIS LÉVEILLÉE, jusqu'à demain au Théâtre du Gesù, puis ailleurs en province.