Mince victoire pour les artistes d'ici. Bien que leur situation financière demeure précaire à l'échelle du pays, c'est au Québec que l'écart entre leur revenu moyen et celui de l'ensemble des travailleurs est le plus faible.

Les artistes qui travaillent sur la scène québécoise s'en tirent vraisemblablement mieux que leurs confrères des autres provinces, avec un écart salarial de 25 % entre leurs revenus et ceux des autres travailleurs, révèle une étude intitulée Les artistes dans les grandes villes du Canada, réalisée par Hill Stratégies Recherche.Le rapport publié hier, basé sur le recensement de 2006, indique que les acteurs, chanteurs, danseurs et peintres du Québec empochent un salaire annuel moyen de 24 600 $ par rapport à 32 600 $ pour l'ensemble de la population active. À Montréal, cet écart est de 21 %. Pour l'ensemble du Canada, le revenu moyen des artistes atteint 22 700 $.

S'il est difficile d'expliquer pourquoi la Belle Province se distingue à ce chapitre, Kelly Hill, président de Hill Stratégies Recherche lance néanmoins quelques hypothèses. C'est que le Québec a un star stystem beaucoup mieux implanté que le Canada anglais, où la culture américaine est très présente. Résultat: certains artistes, surtout les vedettes de la télévision et du cinéma, gagnent parfois un salaire plus élevé ce qui contribue à faire augmenter la moyenne des revenus, estime-t-il. Malgré tout, les artistes sont loin de rouler sur l'or. M. Hill tient à souligner que cette moyenne demeure très peu élevée.

Interrogé à ce sujet, Raymond Legault, président de l'Union des artistes (UDA) abonde dans son sens. «Quand on se regarde, on se désole. Quand on se compare, on se console, résume-t-il tout en rappelant que ces données ne sont pas nécessairement réjouissantes pour autant. Disons que la nouvelle est moins pire du côté francophone que du côté anglophone.»

Le fait que le gouvernement du Québec vienne souvent à la rescousse des artistes peut également expliquer ce plus mince écart salarial, soutient M. Legault.

Montréal, métropole culturelle?

Selon le rapport, la métropole québécoise se classe au deuxième rang des villes canadiennes accueillant le plus grand nombre de travailleurs dans le domaine artistique. Avec 13 425 artistes sur son territoire, elle arrive derrière Toronto (22 265) et devant Vancouver (8155).

À Montréal, le nombre d'artistes a augmenté de 33 % entre 1991 et 2006, passant de 10 115 à 13 425. Enfin, la ville se classe au cinquième rang en ce qui concerne la concentration d'artistes (1,53 %), soit le rapport entre le nombre d'artistes et la population active. Vancouver occupe la première position avec 2,35 %.