La journée d'hier a ressemblé à un tour en montagnes russes pour Bloodshot Bill et le groupe Lake Of Stew. En se levant le matin, ils se croyaient exclus du spectacle L'Autre Saint-Jean, qui doit se tenir le 23 juin au parc du Pélican dans le quartier Rosemont. Exclus parce qu'ils chantent en anglais. En fin de journée, volte-face: ils étaient de retour à l'affiche. Et contents de l'être.

La controverse et la possibilité de se faire lancer des tomates par des indépendantistes fâchés ne refroidit même pas leur enthousiasme. «J'y vais avec l'envie de faire la fête», signale Bloodshot Bill, qu'on pourrait décrire comme un Elvis déjanté tenté par le rockabilly. Richard Rigby, du groupe country-folk Lake Of Stew, abonde et précise que le débat suscité par leur présence ne lui laisse même pas un goût amer dans la bouche. «On a reçu tellement d'appuis, surtout de la part des francophones, tellement de courriels, assure-t-il. L'esprit d'inclusion qui animait Pierre (Thibeault) et C4 (le producteur délégué) quand ils ont conçu cet événement est encore plus mis de l'avant qu'il n'aurait jamais pu l'être.»

Les rares appels à manifester voire à lancer des tomates aux artistes lus sur le forum du site www.lequebecois.org, Bloodshot Bill les prend avec un grain de sel. «J'ai joué en Caroline du Nord et les gens me lançaient des canettes de bières. Ils font ça quand ils t'aiment. Si tu veux me lancer des tomates, fais-le, et je vais te les relancer», lance-t-il d'un ton humoristique.

«On viendra animé par l'amour («in the spirit of love») et dans le but de partager. On ne vient pas se battre», tranche pour sa part Richard Rigby.

Ni lui ni Bloodshot Bill n'ont répondu aux questions de <i>La Presse</i> en français. Ça ne les empêche pas de vouloir chanter quelques chansons dans la langue de Vigneault et de Félix lors du spectacle présenté dans le quartier Rosemont.

«On a une chanson bilingue sur notre disque et aussi quelques chansons en français dans notre répertoire, mais c'est pour jouer en anglais qu'on a été invités, précise Richard Rigby. Puisque c'est la Saint-Jean, on va bien sûr jouer une ou deux chansons en français.

«On s'attend à passer un bon moment. Pour être franc, je serais très étonné que les gens en viennent à commettre des actes de violence, poursuit-il d'un ton posé. Je les ais lus, moi aussi, ces sites web, mais je ne crois pas que leur opinion corresponde à celle de la majorité.»