Le milieu culturel pousse un soupir de soulagement à la lecture du budget de la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget. S'ils peinent toujours à faire entendre leur message à Ottawa, les artistes québécois ont davantage retenu l'attention du gouvernement Charest.

«La ministre des Finances a décidé d'aller au plus pressant en protégeant le milieu contre les dangers les plus imminents, notamment au niveau international», croit le président de Culture Montréal, Simon Brault.

Québec investira 3 millions supplémentaires dans l'aide aux tournées des artistes québécois, un secteur durement touché l'an dernier par des compressions fédérales de 45 millions.

Le budget québécois injecte également 1 million de dollars de plus dans l'Institut national de l'image et du son, un organisme également boudé par Ottawa.

«Cette contribution signifie que l'INIS sera en mesure de poursuivre sa mission sans avoir à réviser son offre de programmes pour la prochaine année financière. Elle témoigne aussi de la confiance du gouvernement du Québec à l'égard du travail de formation de l'Institut», soutient Jean Hamel, directeur des communications de l'école.

Budget «défensif»

Pour sa part, l'Union des artistes, en dépit des mesures annoncées, déplore que le gouvernement québécois doive, une fois de plus, dépenser pour réparer les dégâts causés par le gouvernement fédéral.

«Il y a peu de gestes concrets, estime le président de l'UDA, Raymond Legault. Les mesures annoncées sont un pâle reflet de l'importance des arts et de la culture pour le développement économique d'une nation.»

Pour cette raison, les demandes continueront d'être acheminées au gouvernement fédéral afin qu'il investisse davantage dans les tournées des artistes à l'étranger et les écoles de formation artistique.

Enfin, Québec investira 5 millions de plus dans Placement Culture, qui aide les organismes culturels à s'associer avec le secteur privé afin de créer des fonds de dotation.

«C'est un bon geste, dit M. Brault. Il devrait permettre de pallier les mauvais rendements de 2008 tout en inversant la tendance à la baisse des donateurs.»

Mais la crise économique est loin d'être finie et la culture n'est pas encore vue comme un secteur qui peut aider à remettre le Québec en marche.

«C'est un budget défensif, souligne Simon Brault. Ce n'est pas du tout un budget qui tente de se servir de la culture pour relancer l'économie. Mais on a senti qu'on peut compter sur Québec si la situation se détériore encore.»