Le Bloc québécois a pressé jeudi les conservateurs de renoncer aux nouveaux prix pour les arts et la créativité annoncés dans le dernier budget et qui se sont attirés les critiques quasi-unanimes du milieu culturel et des partis d'opposition.

On sait peu de choses sur ces prix pour lesquels le gouvernement fédéral entend mettre de côté 25 millions $. Le ministre du Patrimoine, James Moore, a d'abord confirmé qu'ils seraient remis à des artistes de l'étranger par un comité piloté par les organisateurs du festival torontois Luminato.

Il a depuis fait volte-face sous la pression et clame désormais qu'il continue de mener des consultations sur la nouvelle récompense. Il a même déclaré mercredi que le projet dont parlent les médias depuis deux semaines était «une proposition de deux gars» qui ne correspondait pas à ce que son gouvernement avait en réserve.

Appelé en renfort, le premier ministre Stephen Harper a expliqué qu'il souhaitait établir «des prix de calibre mondial» pour les arts, comme il l'a fait l'an dernier pour la science et la médecine. Il a accusé le Bloc de «toujours s'opposer à n'importe quelle initiative qui renforce le Canada».

Le changement de ton du ministre et les arguments de M. Harper n'ont clairement pas impressionné le leader souverainiste Gilles Duceppe, qui continue à croire que les sommes octroyées aux prix devraient plutôt servir à financer les tournées d'artistes canadiens.

D'après lui, l'affaire est en train de tourner à la catastrophe et «la seule chose» qu'il reste à faire «est de mettre un terme à ce projet dénoncé par tous».

La porte-parole de son parti en matière de Patrimoine, Carole Lavallée, a pour sa part exhorté le ministre à cesser de «défendre l'indéfendable» et à travailler pour aider les créateurs québécois et canadiens, qui ont fait les frais des compressions de l'été dernier dans le financement de la culture.

De leur côté, les libéraux ont accusé le ministre d'«incompétence» et lui ont reproché de se mettre «la tête dans le sable» au moment où les artistes ont besoin de son soutien.

D'après la Conférence internationale des arts de la scène, plusieurs organismes culturels éprouvent en effet d'importantes difficultés depuis la disparition des programmes PromArt et Routes commerciales.

En dépit des demandes répétées de la communauté artistique et des élus du Québec, le ministre Moore refuse catégoriquement de ressusciter ces programmes, qu'il qualifie d'inefficaces et d'inutilement coûteux pour les contribuables.

Le comité permanent du Patrimoine qui souhaitait obtenir les documents justifiant ces allégations s'est fait dire que les rapports demeureraient confidentiels parce qu'ils étaient considérés comme des secrets du conseil des ministres.

Au cours des prochaines semaines, les parlementaires prévoient néanmoins convoquer plusieurs témoins pour leur demander de décrire les conséquences des compressions sur leurs activités.