L'Orchestre Baroque de Freiburg terminait à Lanaudière vendredi soir une courte tournée comprenant la présentation du même programme Mozart à Tanglewood et au Mostly Mozart Festival de New York.

Formé en 1987, l'orchestre de 32 musiciens n'a pas à proprement parler de chef. Quelques signes de départ et de nuances sont donnés, de son poste, par le violon-solo. Les musiciens jouent sur des instruments dits «d'époque». Chez les instruments à cordes, celles-ci sont en boyau; les vents sont dits «classiques», les cors sont dits «naturels», etc.

Jusque-là, rien de nouveau. L'impeccable acoustique de l'Amphithéâtre aidant, le nombre limité d'instruments confère beaucoup de clarté au discours et souligne les contrechants ainsi que les éclats de cuivres et coups de timbales - timbales militaires dans un cas et parfaitement «in tempo» avec le tonnerre qui grondait au-dessus, provoquant le rire chez les musiciens et les 2 500 personnes qui les écoutaient.

De même, on entend les moindres imperfections d'exécution - car il y en eut - et qu'on peut attribuer à l'extrême humidité qu'il faisait là-bas et qui causa un évanouissement à la première rangée des chaises de parterre.

Ce que je ne comprends pas de cet orchestre, c'est qu'il découpe une symphonie de Mozart, la 36e, dit «Linz», en trois morceaux, intercalant entre les mouvements un air d'opéra puis un autre air d'opéra. L'oeuvre perd ainsi sa structure et sa continuité.

Ces deux airs (dont celui d'abord destiné à Cosi fan tutte où il est question du Canada!), auxquels s'ajoutaient deux autres airs après l'entracte ainsi qu'un rappel, avec mandoline, soit cinq airs au total, étaient chantés par le baryton Christian Gerhaher. On le connaît comme un grand interprète de lied. Comme mozartien, je suis moins sûr. La voix est certes irréprochable, mais tout est chanté de la même façon.

Également au programme, le célèbre Concerto pour clarinette, joué sur une clarinette de basset. Le soliste a brièvement décrit (en français) l'instrument au large pavillon, capable de donner les notes très graves de la partition mais qu'on n'entend habituellement pas car elles n'existent pas sur la clarinette moderne. Ces notes, nous les avons entendues vendredi soir, bien rondes et colorées. Ailleurs, le jeu n'avait pas toujours l'exactitude requise.

Très long, ce concert, comprenant un entracte et une longue pause de 10 minutes. À 22h15, il restait une autre symphonie et un autre concerto. Victime cette semaine d'un grave malaise qui me commandait plutôt le repos, j'ai considéré que j'avais fait plus que mon devoir et je suis parti.