Blink,

Blink,

111, 8e Avenue S.-O.,

Calgary, Alberta,

403-263-5330.

www.blinkcalgary.com

Longue escale à Calgary, au milieu de l'été, vaut mieux aller en ville pour humer l'air du temps. Nous trouverons mieux à manger que de la bouffe d'aéroport. Le réputé Stampede bat son plein et la ville respire la fête.

Sur l'une des principales artères de Calgary, Blink occupe un bel édifice patrimonial. Le décor ne fait pas du tout western avec son air moderne, ses confortables sièges de cuir blanc, et le mur de verre qui tamise la lumière du jour. Blink a fait son entrée sur la scène gastronomique l'an dernier à Calgary et tout de suite, les honneurs nationaux ont suivi : le magazine EnRoute l'a inclus dans sa liste des 10 meilleurs nouveaux restos de 2007, en neuvième position. Ottawa est absent de la liste depuis 2003, c'est pour dire...

La musique de Johnny Cash enveloppe la salle à manger mais les serveurs, costumés en jeans pour l'occasion, n'accueillent quand même pas les dîneurs avec des " Howdy Pard'ner ! " ou des "Hee Haw " gros comme le bras. Pendant le Stampede, de petits efforts sont tout de même de mise.

Le menu, lui, n'a rien cédé au Stampede qui rappelle la conquête de l'ouest à la mémoire d'une population citadine qui préfère le cheval cabré de Ferrari à la monture à quatre pattes. L'offre est décidément très moderne et fait une large place au produit local, un mouvement puissant dans l'Ouest canadien qui a supplanté la mode des aliments biologiques. Le chef propriétaire Andrew Richardson a beau être Anglais de naissance, ses liens avec des restaurants haut de gamme dans l'Ouest depuis 10 ans - Cioppino et West, à Vancouver, Araxi à Whistler - ont laissé des traces indélébiles.

Produits frais

Plein de légumes donc, d'une hyperfraîcheur que l'on ne peut pas trahir. Cela s'apprécie dans un potage aux petits pois de saison en entrée, ou ces tomates de serre - force grown, l'image anglaise est forte !.... et chères à 9 $ - ainsi que dans tous les légumes d'accompagnement : bok choy nain, asperges, laitue Boston, pousses de radis, endives, tomates, avocat, etc. Ils sont savamment choisis pour agrémenter chaque plat, d'ordinaire deux par deux, cuits juste comme il faut, pas trop.

Nous ne sommes nullement condamnés à un menu viandeux de boeuf de l'ouest, bien qu'il soit lui aussi à l'honneur (six onces, 26 $), tout au haut du menu. C'est d'ailleurs ce que l'expérimenté et sympathique serveur suggère "pour faire honneur à l'Alberta, quand même". Mais l'assiette sera habilement complétée de pommes de terre rattes, d'un peu de verdure, et pour faire irrévérencieux, de trois rondelles d'oignon légèrement frites (!). La cuisson est exacte, la tendreté parfaite, c'est le paradis.

Idem de l'autre côté de la table, où un saumon rouge bien saisi repose sur un lit de légumes de saison. Là aussi, tout est idéal : peau craquante, chair translucide à coeur, légumes croquants.

Le menu sera d'ailleurs habilement divisé en deux, trois viandes d'un côté (boeuf, poulet grillé et canard) et trois poissons de l'autre (saumon, flétan et morue charbonnière) de l'autre. Avec un plat de pâtes, des gnocchis, pour arbitrer le tout.

Ce n'est peut-être pas un hasard si le chef s'est tenu loin de certaines viandes controversées : le porc (et ses mégaporcheries), ou certains poissons (thon et tilapia, notamment) souffrant de surpêche, tout comme les fruits de mer (crevettes, pétoncles, etc.).

Côté douceurs, l'imagination commence à rater. La crème brûlée (9 $) tout comme le gâteau au chocolat (9 $) sont de facture sans reproche, certes, mais ne démontrent pas le même brio, le même attachement aux produits locaux. La riche vallée de l'Okanagan n'est-elle pas assez proche, juste de l'autre côté des Rocheuses ? Et les petits fruits sauvages ?

Pour deux personnes, prévoyez entre 60 et 70 $, plus consommation, taxes et service.

pjury@ledroit.com

RÉSULTATS

Cote Jury 17,5/20

Cuisine : 8,5/10

Service : 5,5/6

DĂ©cor : 3,5/4