C'était la grande fête hier soir devant la scène BlackSheep du Bluesfest. Les convives dansaient, sautaient, tapaient des mains frénétiquement au son endiablé du chanteur franco-arabe Rachid Taha. Un échange d'énergie d'une rareté imposante entre une troupe de musiciens et un public.

La foule s'amusait comme des déchaînés sur cette mixture de raï, de chaâbi, de musique électronique dansante et de rock. Le grand chaman algérien et sa bande de six musiciens - que Taha a présentée comme étant tous de religions différentes, dont un athée et un "pédé" - avaient l'air de s'éclater tout autant, procurant l'énergie à grands coups de tablas, de guitares, de clavier et de batterie.

La cigarette au bec, l'air déglingué et les cheveux en tempête, l'étrange personnage avait parfois l'air en transe sur ses propres rythmes hypnotiques. Difficile à croire qu'il approche la cinquantaine. Sa fougue, encore plus sur scène que sur disque, donne l'impression qu'on a devant nous un "entertainer" vingtenaire au sommet de son art.

Taha se faisait aussi conteur par moments, particulièrement dans Écoute-moi camarade, une chanson en français tirée de Diwan 2, ou sur la mystérieuse Safi.

Mais les meilleurs moments provenaient de l'énergie incendiaire que la bande semait avec des classiques comme Habina ou encore sa reprise de Rock the Casbah de The Clash.

La participation de la foule vibrante en bas de la scène n'était d'ailleurs pas suffisante comme contact. Taha n'a fait ni un ni deux et est allé la rejoindre pour interpréter son classique Ya Rayah au milieu de son public.

James Taylor

De l'autre côté du Musée de la guerre, une horde de festivaliers aux chaises pliantes avaient envahi les devants de la scène Bank of America pour assister à la prestation du grand auteur compositeur interprète bostonnais James Taylor. Le pouce carré était difficile à négocier.

Une chaude réaction s'est fait entendre dès le premier moment où le gentilhomme s'est pointé sur scène. Tout est dans le respect pour l'ensemble d'une carrière à écrire des chansons marquantes comme You've got a Friend, Handy Man et Fire and Rain. On pardonne ainsi plus facilement que l'âge ait fait raidir le chanteur sexagénaire ou que sa voix ne porte plus autant qu'à ses belles années.

À l'intérieur de la première demi-heure, James Taylor avait déjà séduit ses nombreux admirateurs avec des versions, assez sobres toutefois, de Country Road, Whiskey Before Breakfast, Everyday, ainsi qu'un savoureux interlude instrumental teinté de violon à l'Irlandaise.

En bon gentleman, le vieux routier est sauté sur la première occasion pour saluer chaudement la foule et nommer les membres de son "Band of Legends" un par un. Un type de grande classe, plus grand que nature, comme il en passe trop peu souvent à Ottawa.

mamongrain@ledroit.com

BLUESFESTÀ l'affiche aujourd'hui

Scène Bank of America

19 h Jully Black

21 h 30 Fergie

Scène Rogers

18 h Becky Abbott

20 h Boz Scaggs

Scène Black Sheep

19 h 45 Born Ruffians

21 h 30 Tokyo Police Club

Scène River

19 h Jason Collett

20 h 15 The Most Serene Republic

21 h 30 Stars

Théâtre Barney Danson

19 h 30 Dorit Chrysler

21 h Frank Vignola's Rhythm Machine

Scène Roots

20 h Jason Ricci and New Blood

21 h 30 Michael Franti & Spearhead