Le 27 août 1953, le jeune Harry Belafonte donnait son premier concert à Montréal. C'était il y a 50 ans. Et notre collègue Claude Gingras, lui aussi au début de sa carrière, était présent. «Après le concert, je l'ai raccompagné à son hôtel. Personne ne lui avait demandé d'autographe pour la simple raison que personne ne le connaissait!» Voici des extraits de sa critique, parue deux jours plus tard dans La Presse.

Harry Belafonte, acteur et chanteur original

Ceux qui aiment le nouveau seront bien servis par le numéro sensationnel que présente depuis jeudi, sur la scène du Séville, le chanteur Harry Belafonte. L'originalité de ce jeune artiste tient à l'intensité dramatique qu'il apporte à ses interprétations et à l'exclusivité à peu près complète de ses chansons, qu'il a puisées pour la plupart dans le folklore nègre des États-Unis et qu'il accompagne d'une mise en scène soigneusement réglée, sobre et intelligente, où tout est à sa place, où chaque geste a son importance, sa signification.

Soulignons en passant que, même si Belafonte a joué maintes fois avec des troupes de music-hall du Broadway et fait des tours de chant dans une dizaine des plus chics cabarets américains, son apparition au Séville marque ses débuts comme soliste de music-hall.

Belafonte porte en scène un costume très simple et, généralement, seul son visage est éclairé. Le chanteur interprète à sa façon des «Negro spirituals» peu connus comme «Timber», «Scarlett Ribbons» ou «Hold'em Joe» et cette fameuse chanson qui a tant contribué à son succès, «Mathilda, Mathilda».

À 26 ans, Harry Belafonte est déjà une grande vedette. Il a atteint le succès avec une incroyable rapidité, d'où le surnom de «Monsieur Cendrillon» que lui ont donné ses collègues.