Onze juillet 2008. Partout sur la planète, des dizaines de milliers de personnes font la file pour être les premières à se procurer un objet sophistiqué, joli et à la mode. Un iPhone.

L'engouement du public pour l'appareil d'Apple - et pour les «téléphones intelligents» en général - s'est illustré de façon spectaculaire au cours des derniers mois. Entre avril et juillet, le groupe ontarien RIM a vendu 5,6 millions de BlackBerry, plus du double qu'à la même période l'an dernier.Il s'agit là d'une excellente nouvelle pour Bell, Telus et Rogers. Car si l'arrivée prochaine de nouveaux concurrents fera baisser le coût des conversations sans fil au Canada, la multiplication des téléphones intelligents, elle, fera bondir les recettes tirées du transfert de données. Les géants pourront donc récupérer une partie de leurs pertes de revenus, et même plus.

En fait, le marché du sans-fil se dirige vers deux pôles distincts. D'un côté, on trouvera de plus en plus d'utilisateurs de messagerie texte, de navigation internet et de téléchargements qui ne rechigneront pas à dépenser 100$ ou plus par mois. Et de l'autre, des consommateurs frugaux, qui chercheront à payer toujours moins cher pour des forfaits simples axés sur la conversation.

«Les prix seront plus élevés au sommet et plus bas au bas de la fourchette», résume Troy Crandall, analyste en télécoms chez MacDougall, MacDougall&MacTier.

Les résultats de Rogers et Telus témoignent déjà d'un changement rapide dans la structure des revenus. Chez Telus, le produit mensuel moyen par abonné a glissé de 1,4% au deuxième trimestre, à 62,73$. Mais les recettes tirées de la transmission de données ont bondi en même temps de 39%, à 9,17$!

Selon certains analystes, les entreprises de téléphonie sans fil récolteront plus de la moitié de leurs revenus grâce au transfert de données d'ici quelques années.

Réseaux évolués?

Le degré de perfectionnement de plus en plus élevé des sans-fil intelligents requiert des réseaux puissants. Au Canada, seul Rogers possède un réseau GSM, qui lui permet d'offrir plus d'appareils high tech à ses clients, comme le BlackBerry Bold.

Ce type de réseau, le plus répandu dans le monde, permet aussi à Rogers de récolter la majorité des revenus d'itinérance des étrangers qui utilisent leur cellulaire au Canada.

Bell et Telus fonctionnent toujours avec un réseau CDMA, moins commun. Mais les deux entreprises discutent ferme en vue d'investir ensemble pour mettre à jour leurs réseaux. Une décision devrait être prise d'ici la fin de l'année, a déclaré cette semaine Robert MacFarlance, vice-président de Telus, pendant une conférence à Toronto.

Selon l'analyste Dvai Ghose, de Genuity Capital Market, la mise à niveau des réseaux de Bell et Telus, inévitable, pourrait coûter environ 800 millions au total.