Le nombre de propriétés résidentielles vendues au Canada a augmenté le mois dernier sur une base annuelle, mais a chuté de 5,6 % par rapport au mois de septembre, a indiqué mercredi l’Association canadienne de l’immobilier (ACI), notant que les acheteurs et les vendeurs semblaient hésitants en ce moment.

« Nous ne sommes qu’en novembre, mais il semble que de nombreux acheteurs potentiels ont déjà commencé à hiberner », a affirmé le président de l’ACI, Larry Cerqua, dans un communiqué de presse.

« Les données d’octobre ont également révélé que certains propriétaires-vendeurs pourraient reporter leur projet au printemps prochain. »

Un total de 33 921 maisons ont changé de mains au Canada en octobre, ce qui représentait une hausse de 0,9 % par rapport au même mois de l’année dernière.

Le prix réel moyen des propriétés résidentielles vendues en octobre au pays a augmenté de 1,8 % sur un an pour atteindre 656 625 $.

L’association a observé que même si les baisses du prix moyen des maisons étaient encore rares dans la plupart des grandes villes du Canada – elles se produisent principalement dans certaines régions de l’Ontario comme Windsor-Essex et la région de London –, certaines régions de la Colombie-Britannique commencent également à voir un fléchissement des prix.

L’impact des taux d’intérêt toujours ressenti

L’économiste Rishi Sondhi, de la Banque TD, a souligné que les conditions actuelles « favorisaient grandement les acheteurs en Colombie-Britannique et en Ontario », avec des indications selon lesquelles « les prix vont baisser sur ces deux marchés au cours des prochains mois, faisant baisser le prix moyen à l’échelle nationale ».

« Sans surprise, les taux d’intérêt élevés ont continué de peser sur les ventes de logements le mois dernier. En particulier, les ventes par habitant se situent autour des niveaux enregistrés pour la dernière fois il y a plus de 20 ans », a observé M. Sondhi dans une note.

Des baisses des ventes ont été enregistrées dans neuf des dix provinces, le Nouveau-Brunswick étant la seule exception, a noté l’économiste Daren King, de la Banque Nationale.

« Avec l’impact croissant des taux d’intérêt plus élevés qui affectent négativement l’accessibilité financière et le ralentissement du marché du travail, l’activité sur le marché immobilier devrait rester modérée dans les mois à venir », a prédit M. King dans une note.

« Cependant, la croissance démographique record que nous connaissons actuellement au pays devrait permettre d’éviter une baisse significative de l’activité. »

Les nouvelles inscriptions partout au Canada ont diminué de 2,3 % par rapport à septembre, marquant la première baisse à ce chapitre depuis mars. Le ratio national des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions est tombé à 49,5 %, son plus bas niveau en 10 ans, comparativement à une moyenne à long terme de 55,1 % pour cette mesure.

« Le marché a dû s’adapter pour revenir à un cycle immobilier normal », a observé Christopher Alexander, président de Re/Max Canada, dans une entrevue.

« Il y a plusieurs personnes qui inscrivent maintenant leurs annonces qui s’attendaient à ce que les taux baissent maintenant et ce n’est pas le cas, et certaines personnes ont donc été obligées de prendre une décision. Mais malgré tout cela, des propriétés se vendent toujours. Simplement, elles mettent plus de temps à se vendre que ce à quoi nous nous sommes habitués », a-t-il expliqué.

L’économiste principal de l’ACI, Shaun Cathcart, a noté que les perspectives d’une reprise des ventes l’année prochaine dépendaient de la question de savoir si la Banque du Canada sera éventuellement prête à commencer à réduire son taux d’intérêt directeur.

« Nous savons bien que la demande de logements est extrêmement élevée dans tout le pays, cependant, les données sur le marché de la revente d’octobre ont confirmé davantage que cette demande ne se traduirait probablement pas par une hausse des ventes dans le marché de l’habitation actuel avant la fin de l’année ; en fait, sans doute pas avant le printemps 2024, au plus tôt », a affirmé M. Cathcart dans un communiqué.

La Banque du Canada a augmenté de façon dynamique ses taux d’intérêt au cours de la dernière année et demie, faisant passer son taux directeur cible de 0,25 % à 5,00 % – son plus haut niveau depuis 2001. Les hausses visaient à faire ralentir l’inflation après la croissance rapide des prix qui a suivi la pandémie.

La semaine dernière, un responsable de la banque centrale a prévenu que les taux d’intérêt pourraient ne pas revenir aux faibles niveaux auxquels les gens étaient habitués avant 2020, et que des niveaux plus élevés de dette publique et de risques géopolitiques pourraient également pousser les taux à la hausse.

Même si l’environnement de taux d’intérêt élevés rend l’achat d’une maison plus coûteux, M. Alexander a souligné que les acheteurs avaient encore des options.

« L’acheteur avisé envisage de contracter un prêt hypothécaire à plus court terme qui lui coûtera un peu plus cher à court terme, mais d’ici un an ou deux ans, il est fort probable que les taux seront bien inférieurs à ce qu’ils sont aujourd’hui », a-t-il affirmé.

« Mais il y a encore beaucoup de gens qui essaient de mettre à profit tous ces chiffres et, en raison du niveau d’appréciation des prix que nous avons constaté et des niveaux actuels des taux d’intérêt, l’accessibilité financière est un véritable défi. »